Santé mentale au travail : un enjeu de santé publique
La santé mentale est aujourd’hui considérée comme une composante essentielle de la santé. Celle-ci est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». La santé psychique est à ce jour, mieux prise en compte dans le secteur professionnel et les Assises de la Santé mentale ont mis en avant les enjeux de santé publique auxquels font face les employeurs du secteur public, comme privé. Les agents du secteur public sont également exposés aux risques psychiques et psycho-sociaux comme le burn-out, la dépression et d’autres maladies professionnelles pouvant entraîner des arrêts de travail voire une désinsertion professionnelle. La crise sanitaire, qui a conduit parfois à des changements rapides et profonds dans les habitudes professionnelles (avec le télétravail par exemple), a en outre montré l’importance de la prise en charge et de la prévention de ces risques psychiques.
Parmi les propositions faites contre ces risques et pour développer une véritable culture de la prévention des situations de détresse psychiques, un dispositif de « secourisme en santé mentale » est proposé aux employeurs publics.
Définition et objectifs de la circulaire
La circulaire du 23 février 2022 précise les objectifs de ce dispositif en secourisme en santé mentale. Elle a pour but d’encourager les employeurs à mettre en place une offre de formation afin de contribuer au développement d’une politique de prévention en matière de santé mentale au travail ; de lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques et de déterminer les modalités de pilotage du dispositif.
Le secourisme en santé mentale est à entendre dans le sens d’une « capacité à réagir à la détresse psychique d’une personne et à entrer en relation avec elle. » Il ne s’agit pas de soins, ni pour le fonctionnaire formé de remplacer les professionnels de santé mentale (médecins, psychiatres, psychologues…). Il s’agit d’un complément aux investissements prévus dans le cadre du Ségur de la santé. Le secourisme en santé mentale s’appuie notamment sur l’intervention de pairs qui reçoivent une formation au contenu validé et à l’efficacité démontrée. Cela leur permet d’appréhender la santé mentale et les troubles psychiques, d’identifier des signes de souffrance et d’assurer un premier niveau de conseil et de médiation vers les aides spécialisées et les soins. À l’instar des « gestes qui sauvent », le secourisme en santé mentale prévient les situations de crise et oriente les personnes en détresse psychique vers les professionnels adaptés. La formation insiste sur l’accompagnement, l’écoute et la bienveillance pour pouvoir dialoguer efficacement et sans intrusion avec la personne en souffrance.
Un dispositif décliné en 3 actions complémentaires
Ce dispositif se décline en plusieurs volets, permettant de sensibiliser à la santé mentale, de former au secourisme en santé mentale et de former des volontaires afin qu’ils deviennent eux-mêmes formateurs ou personnes-ressources au sein des collectivités et des établissements publics.
- La première action concerne la sensibilisation à destination de l’ensemble des agents du secteur public (cette action étant considérée comme un prérequis pour suivre les 2 autres volets du dispositif). Elle a pour objectif de déstigmatiser les troubles psychiques et de faire connaître la santé mentale en tant qu’enjeu majeur pour la santé publique. Elle permet d’informer les cadres et les agents sur la façon de préserver la santé mentale, de leur présenter des professionnels de la prévention des risques et de favoriser le développement de réseaux d’échange sur le sujet.
- La deuxième action porte sur la formation au secourisme en santé mentale, sur la base du volontariat. Calquée sur la formation des gestes qui sauvent, elle permet aux agents du secteur public d’acquérir les premiers gestes et réflexes à adopter face à une personne en situation de détresse psychique.
- Enfin, pour aller plus loin, le dispositif propose aux fonctionnaires volontaires de se former pour devenir eux-mêmes formateurs en secourisme en santé mentale « afin de maintenir des personnes-ressources dans les milieux qui ont investi la démarche ».
Ce dispositif, qui concerne les trois versants de la Fonction publique, nécessite la mobilisation conjointe de l’État, des collectivités territoriales, des établissements de santé, sociaux et médico-sociaux. Il doit faire l’objet d’un dialogue social avec les représentants des personnels compétents en matière de santé au travail. Un bilan de ce dispositif sera réalisé chaque année pour évaluer la mise en œuvre des recommandations en matière de secourisme en santé mentale.