90 % des Français utilisent Internet et 75 % consultent régulièrement les réseaux sociaux. Pourtant, de grandes disparités demeurent dans les usages digitaux. Pour de nombreux Français, recourir à Internet pour des démarches administratives n’est pas encore une évidence. Le Conseil National du Numérique a récemment donné 35 recommandations au gouvernement pour y remédier, et faire de l’identité numérique un service public universel plus accessible.

L’identité numérique peut sembler un concept abstrait. Et pourtant, peut-être même sans le savoir, vous vous en servez quotidiennement. L’identité numérique désigne effectivement l’ensemble des traces laissées chaque jour sur Internet. Un pseudonyme, un nom, des images… L’identité numérique peut prendre plusieurs formes selon les plateformes concernées. 

Depuis plusieurs années, l’État a entrepris une grande digitalisation des services publics, afin d’accélérer les démarches administratives et en simplifier l’accès. L’administration française a dans ce sens lancé son propre service d’identification numérique avec des dispositifs, tels que FranceConnect (voir l’encadré ci-dessous), qui permet l’accès à son compte en ligne auprès de la Sécurité sociale, de Pôle Emploi ou encore du Trésor Public. L’identifiant et le mot de passe que vous utilisez pour vous connecter, par exemple au site du Trésor Public et valider votre déclaration de revenus, constitue une identité numérique, encadrée par l’État.

France Connect : une identité numérique unique pour les démarches administratives

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Créé en 2014, le dispositif France Connect part de la volonté de l’administration française de faciliter l’accès à ses services en ligne, et surtout de ne pas surcharger ses usagers avec des identifiants et mots de passe différents. Le dispositif fonctionne selon un principe simple : l’usager choisit l’une de ses identités numériques liée à l’administration pour se connecter à l’ensemble des services en ligne de l’État français. Six fournisseurs d’identité numérique sont disponibles pour l’utilisateur : impots.gouv.fr, La Poste, Ameli de l’Assurance Maladie, MobilConnect&Moi, l’espace privé de la Mutuelle Sociale Agricole, ou encore Alicem. Une fois identifié dans l’espace France Connect, l’utilisateur a accès à près de 1 000 services en ligne dont : l’administration fiscale, l’Assurance Maladie, ses droits à la retraite, ou à la formation... Si le dispositif a, au départ, peiné à séduire l’ensemble des Français, il a depuis la crise sanitaire trouvé tout son public en réunissant pas moins de 30 millions d’utilisateurs

 

 

Le Conseil National du Numérique (CNNum) a, dans un rapport récent au gouvernement, alerté sur le fait que de grandes disparités demeurent, au sein de la population française, quant à l’usage d’Internet et des identités numériques. Le défenseur des Droits, en 2019, parlait même de la dématérialisation comme d’un “enfer numérique” pour certains Français. Or, le principe fondateur du service public reste son universalité : il doit s’adresser à tous, y compris à ceux qui ne maîtrisent pas Internet. Pour remédier à ces inégalités, le CNNum envisage plusieurs pistes, dont celle d’associer les agents du service public à la formation au numérique des citoyens français.

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En effet, le Conseil National du Numérique propose de mettre en place des formations pour les personnes “éloignées du numérique” dans les locaux des collectivités locales (dans les mairies principalement, mais également dans les conseils régionaux et départementaux). Ces locaux doivent devenir “les principaux lieux d'enrôlement des identités numériques”. Pour que ce service fonctionne correctement, le CNNum suggère de former les agents du secteur public et les élus au numérique, dans le cadre de formations obligatoires. 

 

 

 

 

 

 

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Les auteurs du rapport du CNNum imaginent que les régions soient “en tête de la coordination du dispositif” : “Cet échelon nous paraît particulièrement important à investir, du fait de leurs compétences en matière de solidarité territoriale par la mobilisation des Centres Communaux d’Actions Sociales (CCAS), des intercommunalités et communes.” Ils envisagent que le personnel de l’Éducation nationale soit, par ailleurs, mis à contribution pour la formation au numérique auprès des mineurs.

 

Ne pas confondre avec la carte d’identité numérique

Vous avez peut-être entendu parler de la carte d’identité numérique, récemment lancée par le gouvernement. Elle est différente de l’identité numérique. La carte d’identité numérique est la nouvelle version de la Carte Nationale d’Identité (CNI). Plus fiable et plus technologique, elle possède, en plus des informations classiques, une puce électronique contenant les données biométriques de son propriétaire, ainsi qu’un cachet électronique visible (CEV) sous la forme d’un QR Code. Cette nouvelle CNI a pour avantage d’être beaucoup plus sécurisée et protège mieux contre les usurpations d’identité.

 

L’identité numérique européenne en projet

C’est en juin 2021 que la Commission européenne présentait son projet d’identité numérique européenne. Les citoyens, résidents et entreprises européens peuvent, grâce à ce dispositif, prouver leur identité et partager des documents électroniques partout en Europe en appuyant simplement sur un bouton de leur smartphone. Ce projet n’en est encore qu’au stade de balbutiement et ne devrait pas voir le jour avant 2030. Certaines instances comme le Comité européen des régions mettent tout de même déjà en garde la Commission européenne sur les risques que comporte le rassemblement de toutes ces données privées en ligne, notamment en cas d’attaque informatique.

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