A compter du 1er mars 2025, le taux de rémunération du Livret BFM Avenir(1) est fixé à 2.4% brut annuel(2) jusqu’à 3 000 € de dépôts puis 0,50 % au-delà de ce montant. 

Pouvoir d’achat, contractualisation croissante, nouvelle donne territoriale… Jean-René Moreau, 1er vice-président de la Mutuelle Nationale Territoriale et président de l’Observatoire Social Territorial (OST), revient sur les défis de la Fonction publique territoriale et de ses agents cette année.

 

Que pensez-vous des récentes mesures de soutien financier aux agents de la Fonction publique territoriale : exonération fiscale des heures supplémentaires, revalorisation de la prime d’activité ?

 

Jean-René Moreau : Ce sont des mesurettes qui ne répondent pas aux questions de fond et notamment au regard de l’évolution des carrières des agents de la Fonction publique territoriale. Pour redonner du pouvoir d’achat, il faudrait avant tout mettre un terme au gel du point d’indice qui est bloqué depuis des années. Pour des postes équivalents à ceux de la Fonction publique dans le privé, la rémunération est  parfoismultipliée par 4 ou 5. Pour améliorer leurs salaires, les fonctionnaires n’hésitent pas à faire des heures supplémentaires ou à travailler en décalé : rappelons que 12,5 % des agents territoriaux travaillent la nuit, 30 % le dimanche et 40 % le samedi. La situation ne semble pas prête de s’arranger. Par exemple, la Protection Sociale Complémentaire est loin d’avoir les mêmes avantages que le privé. À court terme, le Reste à Charge Zéro pour l’optique, le dentaire et l’auditif prévu en 2021 va certainement entraîner une augmentation des cotisations des complémentaires santé, alors que de nombreux agents ont déjà du mal à y avoir accès. Ces augmentations ne sont pas du fait de la gestion des mutuelles mais du désengagement et de la mauvaise couverture de la Sécurité Sociale. 

Selon vous, quels sont les effets de ces restrictions budgétaires sur le moral des agents ?

Elles ont des incidences sociales importantes. Aujourd’hui, 60 % des agents territoriaux estiment que leurs conditions de travail et leur bien-être se sont dégradés au cours des douze derniers mois, toutes catégories confondues. À cela s’ajoutent un problème de pénibilité avec l’allongement de l’âge de départ à la retraite et un manque de reconnaissance. Sans oublier la nouvelle donne territoriale avec la création de métropoles et la fusion d’intercommunalités. Ceci a eu pour effet en deux ans que 600 postes de directeurs généraux ont été supprimés ou déclassés. Cela engendre la création de situation de démotivation, de démobilisation et de burn-out. Les conséquences ne se limitent pas aux seuls cadres concernés mais impactent aussi les organisations et leurs personnels. A noter que les collectivités ont droit à l’expérimentation pour améliorer les choses : par exemple, en accentuant la responsabilisation de l’usager par rapport au service public, c’est ce qu’on appelle « l’empowerment ».

Le gouvernement souhaite un recours accru aux contractuels, qu’en pensez-vous ?

La Fonction publique territoriale compte déjà environ 15 %  à 20 % de contractuels. L’élément nouveau, c’est que le gouvernement a prévu de contractualiser les cadres territoriaux, notamment ceux qui exercent des postes de direction générale sur des emplois fonctionnels, dévalorisant ainsi les concours en particulier celui d’administrateur pour les collectivités de plus de 40 000 habitants. Cela va accentuer le clientélisme et le favoritisme et créer des difficultés d’organisation et de management. J’aurais préféré, pour ma part, qu’on mette en place des conventions collectives pour avoir plus de souplesse, de meilleures rémunérations et un cadre juridique pertinent. Il vaut mieux avoir une bonne convention collective qu’un mauvais statut. 

 

Comment la Banque Française Mutualiste et la Mutuelle Nationale Territoriale accompagnent-elles les agents autour de ces problématiques ?

Nous menons des actions communes pour aider les  agents en difficulté financière : mise en place d’un fonds d’aide sociale, actions de prévention sur la gestion du budget et sur l’endettement… La MNT propose aussi, avec la Banque Française Mutualiste, un prêt santé pour aider les adhérents et plus largement les agents en difficulté. Nous sommes totalement complémentaires, et nous jouons un rôle de régulateur social très important.

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