Pour garantir la sécurité des enfants sur le chemin qui les mène au collège, le plan Savoir Rouler à Vélo a été annoncé dans le cadre du Comité Interministériel à la Sécurité Routière (CISR) du 9 janvier 2018, présidé par le Premier ministre. Il fait partie des mesures visant à porter de 3 à 9% la part des mobilités douces à l’horizon 2024 (Mesure 10 : accompagner le développement de la pratique du vélo en toute sécurité). Cette mesure a été reprise dans le cadre du Plan vélo et mobilités actives lancé le 14 septembre 2018 (Mesure 4 : développement d’une culture vélo).
À terme, l’objectif est que 850.000 écoliers soient formés chaque année. L’objectif intermédiaire prévoit la formation de 400.000 enfants d’ici la fin de l’année 2024, comme l’explique Virginie Jouve, chargée de mission « Savoir Rouler à Vélo » au ministère des Sports.
Le dispositif répond à plusieurs enjeux :
- Enjeu pour l'enfant : enseigner aux écoliers la pratique du vélo de façon sécurisée et autonome dès le plus jeune âge ;
- Enjeu de sécurité routière : améliorer la sécurité sur les routes et la cohabitation difficile des cyclistes avec les autres usagers ;
- Enjeu environnemental : anticiper et préparer les changements à venir en termes de mobilité urbaine ;
- Enjeu sanitaire : contribuer à lutter contre l'installation de la sédentarité chez les plus jeunes ;
- Enjeu pour la ville : préparer les futurs citoyens à se déplacer à vélo.
Socle commun d’apprentissage
Le SRAV est un programme d’apprentissage qui permet aux enfants de 6 à 11 ans de devenir plus autonomes à vélo, de pratiquer une activité physique régulière, et de se déplacer de manière écologique et économique. Pour cela, les élèves suivent une formation encadrée de 10 heures minimum, réparties en 3 modules d’apprentissage :
- Savoir pédaler : maîtriser les fondamentaux du vélo (acquérir un bon équilibre et apprendre à conduire et piloter son vélo correctement : pédaler, tourner, freiner) ;
- Savoir circuler : découvrir la mobilité à vélo en milieu sécurisé (savoir rouler en groupe, communiquer pour informer les autres d'une volonté de changer de direction et découvrir les panneaux du Code de la route) ;
- Savoir rouler à vélo : circuler en situation réelle (apprendre à rouler en autonomie).
Les deux premiers blocs se déroulent en milieu fermé (sans circulation), avant une mise en pratique des apprentissages en conditions réelles pour le bloc 3.
Au terme du cycle d'apprentissage, l'élève reçoit une attestation officielle comptabilisée dans la base de données du SRAV afin de valoriser cette action sur le plan national.
Mise en œuvre du dispositif « Savoir Rouler à Vélo »
- Quand ? L’enseignement peut se dérouler pendant le temps scolaire (cours d’EPS), périscolaire ou extra-scolaire (en club, au centre de loisirs...)
- Qui ? Le SRAV est piloté par le ministère chargé de l'Éducation nationale, en partenariat avec le ministère chargé de la Transition écologique, le ministère de l'Intérieur (délégation à la sécurité routière) et le ministère des Sports.
La circulaire sport et éducation du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports datée du 23 juin 2021 précise : « Le déploiement de ce dispositif nécessite l’engagement fort et conjoint des acteurs de l’école et du sport au niveau académique, départemental et local, en s’appuyant sur les collectivités locales et en partenariat avec le secteur associatif. »
Si les collectivités ont un rôle important à jouer pour permettre le déploiement du programme à grande échelle, la réussite du projet repose sur la mobilisation de partenaires associatifs ou institutionnels variés : fédérations sportives, associations de prévention, associations sportives scolaires, etc.
Quatorze partenaires ont participé à définir une méthode d’apprentissage commune, et contribuent chaque jour à la mise en œuvre effective du programme. Au-delà de ce réseau, chaque département dispose d’un référent.
- Comment ? La mise en œuvre concrète du dispositif Savoir Rouler à Vélo donne lieu à des stratégies d’action variées. Chaque territoire doit composer avec les ressources humaines disponibles, les partenaires, les aménagements existants, etc. De nombreuses questions se posent sur le plan matériel : que privilégier entre l’achat d’une flotte de vélos, la location ou le prêt lorsque certains enfants n’en ont pas ? Quid de l’entretien, du stockage et du transport ? Comment aménager un site sécurisé pour les blocs 1 et 2 ? Quels sont les investissements à prévoir : vélos, casques, marquage au sol, etc. ? Comment les financer ?
La commune de Bordeaux est l’une des premières grandes villes à s’engager dans le dispositif national « Savoir Rouler à Vélo ». Une quarantaine de classes vont être formées au cours de l’année scolaire 2022-2023, soit près d’un millier d’écoliers. En partenariat avec l’Éducation nationale et le Comité de cyclisme de Gironde, la ville propose cet enseignement sur le temps consacré aux cours d’EPS.
À Saint-Étienne (Loire), plus de 100 classes de CM1 et de CM2, soit environ 2 500 élèves au total, sont formés sur deux ans. Les éducateurs sportifs disposent de deux sites sécurisés où les enfants se rendent généralement en bus. Une flotte de 350 vélos est mise à leur disposition. L’ajout d’un marquage au sol et la création d’un rond-point sur des terrains de tennis désaffectés a nécessité un budget de 2 000 euros. L’entretien est réalisé par un agent communal, ou par des associations locales.
À Rumilly (Haute-Savoie), la municipalité a développé un programme d’EPS spécifique en partenariat avec l’Éducation nationale, les établissements scolaires, la Maison du vélo et l’association de parents d’élèves. La ville finance entièrement la formation, avec l’emploi de deux éducateurs sportifs à temps plein pour douze classes. Elle finance par ailleurs deux tiers de la formation d’une semaine délivrée aux classes de CM2 par les moniteurs de la Maison du vélo, d’une valeur de 5 000 euros. L’association de parents d’élèves prend en charge le tiers restant.
Enfin, l’île de la Réunion développe l’apprentissage du vélo par les enfants depuis plus de 20 ans avec la création, dès 1998, du P’tit tour vélo USEP. Les enfants sont formés en amont, avant de faire une partie du tour de l’île en relais, et ainsi valider le SRAV. L’événement mobilise quinze communes et une cinquantaine d’associations chaque année. Il regroupe entre 1 500 et 2 000 participants, dont 25% d’accompagnants.