Pas de répit pour Cédric Denuzière. À quelques semaines des événements majeurs de l’été 2024, nous nous sommes donné rendez-vous pour évoquer son parcours. Récit d’une trajectoire brave et ambitieuse, avec à la clé un rêve de médaille.

Peux-tu te présenter succinctement et nous parler de ta profession ?

 

Je m’appelle Cédric Denuzière, j’ai 34 ans et je suis sportif de haut niveau en équipe de France de paratriathlon. Je suis également fonctionnaire, j’occupe le poste de Contrôleur des Finances publiques, au sein du service des impôts des entreprises, dans le département de l’Aisne.

J’ai découvert ce métier presque par hasard. On ne s’imagine pas du nombre de métiers de la Fonction publique et encore moins ceux des Finances publiques. C’est en étant en formation à Clermont-Ferrand, au sein de l’École Nationale des Finances Publiques, que j’ai eu connaissance des métiers de la Direction générale des Finances publiques. On pense souvent aux professions liées aux impôts, mais il y en a tellement d’autres ! C’est un maillage territorial incroyable, avec des possibilités d’évolution, et de mobilité géographique. Les Finances publiques ce sont des emplois variés et essentiels au bon fonctionnement de l’État.

 

Quelles sont les valeurs qui t'animent dans ta vie personnelle et professionnelle ?


Dans ma vie personnelle et professionnelle, il y a des valeurs qui sont étroitement liées.

Lorsque j’ai débuté ma carrière, au service des impôts des particuliers, il était pour moi primordial d’avoir le sens du service public. Ma devise était de pouvoir renseigner tous les usagers, répondre aux demandes, de la même manière et ce, quelle que soit la personne et/ou sa situation. Être capable d’assurer une équité, une égalité pour tous.

Dans le sport, on retrouve ces valeurs, avec des notions complémentaires comme le dépassement de soi, le fait de repousser ses limites pour aller chercher le meilleur, même dans les moments les plus difficiles.

Dans la sphère personnelle comme professionnelle, il faut avoir de la constance, de la discipline, être rigoureux et investi pour être toujours plus performant. 

 

Peux-tu nous expliquer la nature de ton handicap ? 


Je suis atteint d’une malformation de naissance. Il s’agit d’un problème au niveau de la jambe gauche, de la hanche jusqu’au pied, avec une inégalité de longueur d’environ 15 cm par rapport à la jambe droite. Enfant, l’écart était de quelques millimètres, puis cela s’est accentué avec la croissance. J’ai appris à grandir avec, aujourd’hui l’écart est stabilisé.

 

Quel est ton premier souvenir de sport ? As-tu pratiqué d'autres sports avant le paratriathlon ?


Mon « premier souvenir de sport » remonte à la finale de la coupe du monde de football, en 1998. Première victoire de la France en championnat mondial de football, des moments de liesse, qui m’ont mené dans un premier temps vers la pratique du football.

J’ai aussi pratiqué l’escrime, en admirant les exploits des champions français lors des Jeux Olympiques. J’ai toujours fait de la natation, du VTT, du volleyball. Des sports collectifs, mais bien différents avant d’en venir à la pratique du paratriathlon, depuis 4 ou 5 ans maintenant. 

J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours poussé et accompagné dans la pratique du sport avec (à l’époque) des enfants de mon âge et sans différence.

 

Comment est-ce que tu en es venu à la pratique du paratriathlon ? Qu'est-ce qui t'as donné envie de te lancer dans le paratriathlon ?


En 2017, j’ai rejoint un club qui s’appelle AS Handivienne, qui est d’ailleurs toujours mon club. Il est situé à Vienne dans le département d’Isère. C’est la première fois que je contactais un club handisport, à l’époque ces clubs n’étaient pas très développés. 

L’AS Handivienne proposait du cyclisme. En parallèle, il avait aussi une section de natation en loisir, j’allais nager juste pour le plaisir et un beau jour un membre du club m’a dit : « Tu fais du vélo, tu nages, tu devrais essayer le triathlon. Il ne te reste qu’à courir un petit peu ! »

Je me suis alors pris au jeu, un peu par défi et par envie de varier les sports. J'avais envie de courir, de rouler et de nager. 

À l'époque, je n'étais pas très bien équipé pour la course à pied, mais ce membre du club m'a encouragé, poussé et motivé. J'ai participé à mon premier triathlon en 2018, sans aucune prétention, seulement par défi et par envie de me faire plaisir. L'effet attendu était au rendez-vous, je me suis donc pleinement investi et c'est ce qui m'a permis d'être là où je suis aujourd'hui.

 

Que préfères-tu dans cette discipline du paratriathlon ? 


L’idée du défi ! Le paratriathlon combine trois sports d’endurance et je le conseille à toute personne à la recherche d’un sport challengeant. 

Le triathlon permet de varier les entrainements, on ne se cantonne plus à une seule discipline, ce qui n’est pas évident au quotidien mais nous rend performants dans trois disciplines.  

J’ai toujours aimé le vélo, c’est ce qui m’a permis de découvrir le paratriathlon. Enfant, le vélo a été une échappatoire, il me permettait faire des choses que je ne pouvais pas faire. Je ne pouvais courir ou marcher sur des longues distances, le vélo m’amenait toujours plus loin, sans me fatiguer et en étant dans la nature. Cela m’a toujours procuré un sentiment d’évasion et de liberté.
 

Quel est le moment le plus marquant dans ta carrière de sportif ? Ou ton meilleur souvenir sportif ?  


Je suis titulaire de trois titres de champion de France (2019, 2022 et 2023). Ils ont une valeur considérable pour moi. Enfant, jamais je n’aurai pu penser qu’un jour j’aurais ces titres. D’ailleurs, j’espère en obtenir bien d’autres !

Réussir à être champion de France et gagner dans son pays est un atout. J'ai toujours eu beaucoup de respect pour cette épreuve. Chaque année, je réponds présent et j'essaie d'être le plus performant possible.

Les Jeux Paralympiques, la première fois que tu y as pensé, c’était quand ?

Depuis l’enfance, j’ai toujours suivi les Jeux Olympiques et ceux malgré le décalage horaire. C’est un beau moment qui nous permet de découvrir plusieurs disciplines.

Les Jeux Paralympiques, c’est un monde qui me paraissait très lointain. Je me suis projeté en fin d’année 2022, lorsque ma catégorie de handicap a été annoncée au programme des Jeux Paris 2024.

Petit à petit, à force de travail, d’entrainements, de compétitions, ce qui était un rêve devient de plus en plus concret. Et vivre les Jeux dans son pays c’est d’autant plus spécial ! 

 

D'où vient cet esprit de compétition ? 


L’esprit de compétition a toujours été présent en moi, depuis tout petit.  J’essaie de toujours donner le meilleur de moi-même et pas que dans le sport, dans tout ! Petite anecdote, parfois lorsque nous sommes en stage, le soir nous jouons aux jeux de cartes, là encore je n’ai pas envie de perdre et je me donne à fond, c’est fou (rires) ! L’esprit de compétition est omniprésent, c’est ancré très fort au fond de moi. 

 

Quels sont tes prochains objectifs ? 


Compte tenu des échéances, mon prochain objectif reste les Jeux 2024, à Paris.

Le but n’est pas seulement de participer, mais d’être compétitif, de jouer les premières places et se confronter aux meilleurs. Se donner à fond !

Cela reste tout de même du sport, nous ne sommes pas maîtres de notre destin et tout peut arriver. L’idée est de se mettre dans les meilleures conditions, de bien se préparer pour être le plus performant le jour j. 

La fin d’année 2024 sera riche en compétition. Se tiendra également le championnat de France, d’Europe et du Monde pour lesquels j’espère être sélectionné. 

Un seul mot d’ordre : remporter les épreuves et me classer parmi les meilleurs. 

 

Qu'est-ce que le partenariat avec la Banque Française Mutualiste t'évoque ?


Avoir le soutien de la Banque Française Mutualiste me permet d’améliorer mon matériel, de m’entrainer dans de bonnes conditions, de pouvoir partir en stage et participer à des compétitions internationales. C’est un projet onéreux, votre soutien me garantit une sécurité financière et me permet d’avoir « l’esprit tranquille » dans une volonté de performer.

Dans ce type de compétition, on pense souvent à l’aspect physique, mais l’aspect mental est tout aussi important. Cette liberté d’esprit consent à un dépassement de soi dans le but d’être plus performant.

 

Un petit mot pour la fin ?


Merci pour l’intérêt et l’engagement liés aux athlètes paralympiques. Je pense qu’il est important de mettre en avant le handicap, en parler, montrer que la différence existe et que malgré tout on peut rêver et réussir à faire de grandes choses ! 

J’espère que ce témoignage pourra aider à changer le regard sur le handicap et/ou motiver des jeunes qu’ils soient en situation de handicap ou non. Il faut se fixer un objectif et ne jamais lâcher. 

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