Alors que le nombre de personnes dépendantes progresse en France, la question du financement devient de plus en plus critique. Ces aides financières sont essentielles, car elles permettent de rémunérer une aide à domicile ou l’installation en EHPAD. Au-delà de cet accompagnement financier, des aides technologiques ont aussi fait leur apparition et facilitent aujourd'hui la vie des personnes dépendantes.
Crédit : iStock / Dean Mitchell
Financer la dépendance : le viager fait peau neuve
Au niveau collectif mais aussi individuel, la perte d’autonomie a un coût. De nouvelles formes de viager permettent de monétiser son patrimoine immobilier pour financer la dépendance.
Sous le double effet de la hausse de l’espérance de vie et de l’arrivée en âge des baby-boomers, la part des 75 ans et plus va drastiquement augmenter dans la population française. De 9 % aujourd’hui, elle va passer à 18 % en 2070.
Cela va se traduire mécaniquement par une hausse de la population âgée dépendante. À titre d’exemple, le nombre de bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie passerait de 1,2 million en 2010 à 1,7 million en 2040(1). Le coût de la dépendance pourrait alors doubler en part de PIB d’ici à 2060(2). A domicile comme en maison de retraite, la perte d’autonomie a un coût, au niveau collectif mais aussi individuel.
Le viager, ou comment monétiser son patrimoine immobilier
La question du financement de la dépendance fait donc débat. Faut-il développer une assurance privée ? Quelle part doit rester à la charge des particuliers ? Parmi les solutions envisagées, le viager immobilier présente de nombreux avantages.
Vous avez sans doute déjà vu apparaître ce terme dans les petites annonces immobilières. Le viager désigne un modèle où le vendeur transmet un bien immobilier à l’acheteur en contrepartie du versement d’une rente viagère jusqu’à la mort du vendeur. Cette rente peut éventuellement être complétée par un apport (bouquet). On parle de « viager occupé » lorsque le vendeur continue d’occuper l’habitation, ou de « viager libre » dans le cas inverse.
Généralement, le vendeur est une personne âgée qui a de faibles revenus mais dispose d’un patrimoine. Le mécanisme du viager permet de convertir ce patrimoine en revenus – on parle aussi de monétisation.
Du potentiel, mais quelques défauts à corriger
Il s’agit donc d’une solution doublement intéressante. D’une part, elle permet à des seniors de rester chez eux et/ou consommer les services dont ils ont besoin en tirant des revenus de leur résidence principale. D’autre part, en cas de décès précoce du vendeur, le prix d’achat pourrait être inférieur au prix de marché. Le viager offre alors l’opportunité à des ménages d’acquérir une surface plus grande.
Mais c’est justement cet aléa qui peut constituer un obstacle au développement du viager : ce procédé peut être assimilé à un « pari sur le décès du vendeur ». De plus, le viager ne se justifie pour le vendeur qu’à la condition que son patrimoine immobilier ait une certaine valeur : dans les zones rurales ou périurbaines, les perspectives de revenus sont plus faibles. Enfin, le viager présente un risque financier pour l’acheteur : en cas de longévité importante du vendeur, l’acheteur peut être amené à payer le bien plus cher que sa valeur de marché.
Selon un sondage YouGov, 39 % des Français pensent que le risque financier est trop fort et 23 % d’entre eux estiment que cette pratique est moralement discutable(3).
Une nouvelle génération de viager
C’est pourquoi de nouvelles formes de viager se développent, qui éliminent le lien direct entre le vendeur et l’acheteur, et permettent de mutualiser le risque.
Dans ce nouveau modèle est créé, un fonds immobilier qui a pour but de se porter acquéreur de la nue-propriété de biens immobiliers auprès de seniors. Ces derniers bénéficient d’un droit d’habitation à vie et reçoivent la totalité du prix d’acquisition. Les sommes utilisées pour acheter les biens sont issues de la collecte auprès des épargnants, les parts du fonds étant éligibles en unités de compte dans les contrats d’assurance-vie.
Pour le senior, l’avantage est de pouvoir revendre son bien immédiatement (par exemple, en le plaçant et en effectuant des retraits réguliers). Un bon calcul pour financer la dépendance lorsqu’elle survient !
Sources :
(1) https://www.cnsa.fr/documentation/17-09_cnsa_chiffrescles_2017_exe2_bd.pdf
Crédit : AJ_Watt
5 technologies domotiques innovantes aux services des seniors
Avec le vieillissement de la population française, la dépendance devient une problématique nationale. Parmi les pistes explorées pour aider les seniors dans leur quotidien, la domotique offre des perspectives prometteuses.
Le vieillissement de la population s’accélère : en effet, les plus de 65 ans représentent désormais 19,6 % des Français. En 2050, nous devrions être 74 millions d'habitants, dont 20 millions de personnes âgées(1). Afin de faciliter l’accomplissement des tâches quotidiennes, en particulier pour les seniors en situation de dépendance ou de perte d’autonomie, de nouvelles technologies ont émergé.
Visant à favoriser le maintien des seniors à domicile, dans un contexte où de plus en plus de personnes âgées vivent seules, la domotique, aussi appelée smarthome ou maison connectée, regroupe l’ensemble des technologies électroniques et informatiques installées au sein d'une habitation. Elle couvre de nombreux domaines, des systèmes de sécurité en passant par la gestion de l’énergie ou celle de l'équipement électroménager et audiovisuel. La domotique sert notamment à automatiser certaines actions du quotidien, comme la fermeture des volets, mais aussi à contrôler à distance tous les appareils d’une maison : éclairage, chauffage, appareils électroniques, serrure de porte, alarme…
Découvrez notre top des 5 technologies les plus pratiques pour les seniors :
#1 Des capteurs au service de la sécurité
Les capteurs installés dans la maison avertissent automatiquement la personne âgée et/ou ses proches en cas de début d'inondation, d'incendie, ou de fuite de gaz. Les détecteurs de mouvement permettent aussi de prévenir les intrusions et de détecter les chutes. En cas d’urgence, des alertes peuvent être paramétrées pour prévenir proches ou médecins.
#2 Une maison automatisée pour gagner en autonomie
Éclairage, électroménager, portes, lit, chauffage : presque tous les équipements de la maison peuvent être pilotés via une télécommande afin de limiter les déplacements. Les objets sont programmables de façon personnalisée, selon les capacités et les besoins du senior.
#3 Des objets connectés pour préserver sa santé
Tensiomètres, podomètres, glucomètres ou encore piluliers intelligents qui rappellent le moment de la prise de médicaments : de plus en plus nombreux, les objets connectés liés à la santé représentent un réel atout pour le maintien à domicile des seniors. Des outils de monitoring auxquels les médecins ou les proches ont également accès.
#4 Un airbag pour éviter les fractures
Une start-up française a mis au point Hip’Air, un airbag qui vise à éviter les fractures du col du fémur. Il s’agit d’une ceinture contenant deux petits airbags. En cas de chute de la personne âgée, les deux ballons se gonflent automatiquement au niveau des hanches. Des tests réalisés dans des EHPAD ont prouvé l’efficacité du dispositif : les chutes n’ont occasionné aucune fracture parmi les pensionnaires.
#5 Demain : des robots à notre service
Les robots de compagnie pourraient se rendre un jour indispensables chez nos seniors. En plus de créer une présence, ils serviraient aussi à rappeler la prise de médicament, aller chercher un verre d’eau... Les premières expérimentations en EHPAD ont en tout cas montré que les seniors étaient favorables à l’utilisation de ces compagnons électroniques.
L’info en + Des technologies pas si coûteuses Si elles représentent un budget conséquent, ces technologies sont souvent moins onéreuses que l’emploi d’une aide à domicile ou un hébergement en EHPAD. Par ailleurs, il existe des aides financières : renseignez-vous auprès de votre commune ou d'un spécialiste. |
source :
Crédit : Halfpoint
EHPAD ou aide à domicile : quelles sont les aides disponibles ?
Qu’il s’agisse d’un maintien chez soi avec une aide à domicile ou d’un départ en maison de retraite, la prise en charge des personnes âgées dépendantes est souvent coûteuse. Heureusement, des aides existent quelle que soit l’option retenue.
Aujourd’hui, 10 % des plus des 75 ans et plus d'un tiers des plus de 90 ans (35 %) vivent dans une maison de retraite, tandis que les autres personnes âgées restent chez elles avec une aide à domicile pour leur faciliter la vie.(1) Dans les deux cas, les seniors d’au moins 60 ans en perte d’autonomie peuvent bénéficier de l‘Allocation personnalisée d'autonomie (Apa)(2), une aide versée par les services du département.
Concrètement, la perte d’autonomie se mesure à travers la grille Aggir(3), qui évalue la capacité de la personne âgée à accomplir des activités corporelles et mentales (faire sa toilette, manger, se déplacer…), et domestiques et sociales (faire ses courses, pratiquer des loisirs…). Elle est alors classée dans un groupe Gir sur une échelle de 1 à 6, le Gir 1 correspondant à la perte d'autonomie la plus forte et le Gir 6 à celle la plus faible. Seules les personnes relevant des Gir 1 à 4 sont éligibles à l’Apa. Celles relevant des Gir 5 ou 6 peuvent demander une aide-ménagère auprès de leur caisse de retraite.
Financer le maintien à domicile
L’« Apa à domicile » finance tout ou une partie des dépenses nécessaires pour que la personne âgée puisse rester chez elle. Pour en bénéficier, elle doit obligatoirement résider à son domicile, au domicile d’un proche, chez un accueillant familial ou dans une résidence autonomie(4).
Par ailleurs, elle doit vivre en France de façon stable et régulière. Une participation financière est demandée au bénéficiaire de l’Apa à domicile si ses ressources mensuelles dépassent 802 euros.
Un complément pour payer une place en maison de retraite
Pour bénéficier de l’« Apa en établissement », il faut résider dans un établissement médico-social situé en France qui héberge au moins 25 personnes âgées dépendantes, notamment un EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). S’il y a moins de pensionnaires, il faudra alors faire une demande d’Apa à domicile. Attention, n’oubliez pas que les délais d’admission peuvent être assez longs selon les établissements : il est donc essentiel d’anticiper sa demande plusieurs années à l’avance.
L’Apa couvre seulement une partie du tarif dépendance de l'établissement dans lequel la personne âgée est hébergée. Le montant laissé à la charge du senior est calculé en fonction de ses revenus, mais aussi de son niveau de dépendance : plus il est élevé, plus le montant mensuel accordé est haut.
À noter que l’Apa n’est pas cumulable avec d'autres prestations comme la majoration pour aide constante d'une tierce personne ou l'allocation pour aide-ménagère. Il reste néanmoins incontournable au vu des charges qui pèsent sur les personnes dépendantes. En effet, une aide à domicile à mi-temps coûte au minimum entre 850 euros et 900 euros par mois, tandis qu’il faut compter plus de 1 900 euros en moyenne pour une chambre seule en EHPAD.
L’info en + Si elles disposent de faibles revenus, les personnes âgées peuvent bénéficier de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa)(5). Si elles sont invalides et n’ont pas atteint l’âge légal de départ à la retraite, elles sont éligibles à l‘Allocation supplémentaire d'invalidité (Asi)(6). |
Sources :
(3)https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1229
(5)https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F16871
(6)https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F16940
Crédit : Halfpoi
État des lieux de la dépendance en France