Déserts médicaux: quand les collectivités embauchent des médecins

Pour lutter contre la désertion des médecins généralistes en zones rurales, certaines collectivités prennent les devants en embauchant elles-mêmes les professionnels de santé. Des initiatives encore rares mais très prometteuses pour résoudre la crise.

Commune cherche médecin désespérément”. Depuis des années, ces affichettes, placardées à l’entrée de certains villages et communes rurales, se font de plus en plus nombreuses. Ce phénomène porte un nom : les “déserts médicaux”. 

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Une crise due à plusieurs facteurs : d’une part, le vieillissement de la population et la demande de soins qui, en conséquence, augmente. D’autre part, le nombre de médecins généralistes en France qui a baissé, avec le départ en retraite de beaucoup d’entre eux, et la baisse du nombre de généralistes formés dans les universités françaises (conséquence de l’application du numerus clausus), plus particulièrement dans les années 1990. Ces professionnels de santé préférant souvent s’installer dans des zones urbaines, les “médecins de campagne” se font plus rares. Pour remédier à ce phénomène, certaines collectivités territoriales commencent à employer elles-mêmes les médecins en les embauchant dans le cadre de la création de centres de santé.

Quelles collectivités ?

Le département du Gers vient d’annoncer qu’il allait embaucher directement une dizaine de médecins généralistes au cours de l’année 2022. En tout, quatre centres médicaux répartis sur tout le territoire départemental devront ouvrir cette année. Le conseil départemental du Gers a choisi “des zones particulièrement touchées par le phénomène de désertification médicale”. Une décision qui fait suite à celle du département du Lot, qui avait ouvert la voie en 2017, avec trois centres médicaux de la communauté de communes du Grand-Figeac. Cinq médecins, un coordinateur et trois secrétaires travaillent aujourd’hui dans les centres médicaux du Lot, tous salariés de la collectivité. Séduit par cette initiative, le département de Saône-et-Loire avait embauché un an plus tard, sur le même modèle, pas moins de 37 docteurs. 

Qu’est-ce que le numerus clausus ?

Instauré en 1972 et durci dans les années 1990, le numerus clausus avait pour but de limiter le nombre d’étudiants admis en médecine chaque année. L’objectif était aussi de restreindre les dépenses de santé, et d’éviter la concurrence entre les médecins. Le numerus clausus a été supprimé à la rentrée universitaire 2020. Désormais, près de 10 000 médecins, sont formés chaque année, contre 3 500 au milieu des années 1990. Cependant, les effets sur le terrain, à cause de la longueur des études, mettent du temps à se faire sentir. D’’autant que les jeunes médecins formés ne s’installent pas forcément en libéral dans les premières années de leur carrière. 

 

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Comment fonctionnent les centres médicaux ?

Le fonctionnement de ces centres médicaux est simple. Les consultations sont fixées au tarif conventionné de la Sécurité sociale, soit 25 euros ; et ce sont les départements employeurs des médecins généralistes qui encaissent les consultations. 

Les médecins embauchés par les collectivités sont recrutés au nom de l’article L.6323-1-5 du code de santé publique. Celui-ci stipule que “les professionnels qui exercent au sein des centres de santé sont salariés”. Les médecins des centres de santé des collectivités sont donc considérés comme “médecins salariés”, sous contrat de trois ans renouvelables, et sont rémunérés d’après l’index de la Fonction publique hospitalière, entre 4 600 et 7 000 euros nets par mois, selon leur ancienneté. Ils travaillent au maximum 39 heures par semaine.

Quels sont les avantages pour les médecins et les patients ? 

Le salariat des médecins de campagne a de nombreux avantages, côté patient comme côté professionnel : 

  • Pour les habitants des zones rurales, l’ouverture de centres de santé permet d’obtenir un rendez-vous médical plus proche de chez eux. Car, bien souvent, les patients doivent conduire ou être conduits dans une ville relativement éloignée, avec les désagréments que cela implique en matière d’organisation et de coûts. Également, les tarifs des centres médicaux étant réglementés, aucun surcoût n’est facturé aux patients.
  • Côté professionnel de santé, l’embauche par des collectivités territoriales comporte d’autres avantages non négligeables. Les médecins et secrétaires médicaux touchent, chaque mois, le même salaire, quel que soit leur volume d’activité. Le fait de travailler en centre médical leur permet de se concentrer sur leur cœur de métier, puisqu’ils sont dispensés de nombreuses démarches administratives.

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