La loi Elan, pour l'évolution du logement, de l’aménagement et du numérique, a fixé en 2018 des objectifs ambitieux de réduction des consommations d'énergie dans les bâtiments tertiaires. Issu de cette loi, le décret Tertiaire, ou “dispositif éco-énergie tertiaire”, impose de réduire la consommation énergétique des bâtiments tertiaires de 40 % d’ici 2030 et de 60 % d’ici 2050. Certaines collectivités ont décidé dans ce cadre de mettre l’accent sur la rénovation des bâtiments scolaires, réputés énergivores. Un chantier d’envergure pour les collectivités territoriales qui doivent débloquer des financements conséquents pour rénover écoles, collèges et lycées. Elles sont accompagnées par l’État et par différents dispositifs de financement pour mener à bien ces travaux de rénovation énergétique.

Rénover les bâtiments tertiaires scolaires, un enjeu pour les collectivités :

Pourquoi mettre l’accent sur la rénovation de ce type de bâtiments ? Le parc tertiaire représente 40% des consommations énergétiques globales de la France qui s’est fixée des objectifs ambitieux de réduction de ces consommations d’ici 2050, notamment au travers de la loi ELAN. Cette loi ne concerne pas que le logement privé mais également les bâtiments tertiaires des collectivités, des services de l’Etat, les gestionnaires immobiliers, les bureaux d’études… 

A elles seules, les collectivités territoriales possèdent environ 280 millions de m2 de bâtiments, représentant environ 80 % de leur consommation d’énergie. La moitié de ce parc immobilier est constituée de bâtiments scolaires (écoles, collèges, lycées). Ils représentent à eux seuls 30 % de la consommation des bâtiments communaux. Les écoles demeurent ainsi le type de bâtiment le plus énergivore devant les équipements sportifs (gymnases, piscines) et les bâtiments socio-culturels (cinéma, centre culturel, école de musique…). Il y a donc un enjeu majeur pour les collectivités à rénover ces bâtiments scolaires pour faire baisser à la fois la consommation d’énergie et sa facture. 

Rénover les bâtiments scolaires répond ainsi à plusieurs objectifs : 

  • Contribuer à atteint participer pour atteindre les objectifs de transition énergétique et écologique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Au niveau national, le secteur du bâtiment représente près de 45 % de la consommation d’énergie finale et 27 % des émissions de gaz à effet de serre. A l’échelle d’une commune, le patrimoine bâti représente 84 % des émissions de CO2 de la commune. Les collectivités sont donc en première ligne pour réduire leur empreinte carbone, comme l’indique le site transition2050.fr qui accompagne les collectivités dans leurs démarches ;
     
  • Réduire de manière importante les dépenses des collectivités, ce sujet étant particulièrement à l’ordre du jour avec l’envolée des prix du gaz et de l’électricité pour les communes. Nombreuses sont celles qui ont vu leurs factures exploser en 2022 (plus de 30 % de hausse en un an pour la Fresnay-sur-Sarthe, une commune de 3 000 habitants).
     
  • Améliorer le confort thermique pour les personnels des équipes éducatives et administratives, comme des élèves. Cela aura également un impact sur leur bien-être et sur le climat scolaire de manière plus générale. Le dérèglement climatique s'accélérant, les bâtiments doivent pouvoir être mieux isolés, qu’il s’agisse de faire face à des vagues de froid mais surtout aux canicules qui seront plus fréquentes et plus intenses dans les années à venir. C’est également un enjeu pédagogique crucial pour la bonne tenue des examens de fin d’année, comme le brevet et le baccalauréat.

Les départements et les régions face au chantier de la rénovation énergétique :

Qu’ils s’agissent des communes (ou intercommunalités), des départements ou des régions, toutes doivent faire face aux dépenses importantes que nécessite la rénovation énergétique de vastes bâtiments scolaires vieillissants, parfois vétustes. Ils doivent pour cela mobiliser des financements et faire appel à des dispositifs innovants pour mener à bien ces travaux de rénovation. L’État les accompagne notamment au travers de contrats de performance énergétique et via la mise en place d’une start-up dédiée à cette tâche. Cette dernière doit permettre d’identifier et de lever les éventuels freins institutionnels et juridiques pour massifier et accélérer les travaux de rénovation énergétique sur le territoire français.

Chaque année, des budgets importants sont mobilisés pour ces rénovations. Dans le cadre du Grand plan d’investissement, ce ne sont pas moins de 4 milliards d’euros qui ont été mis à disposition des collectivités et de l’État pour la rénovation thermique des bâtiments publics, soit 15 millions de m2. Ce plan s’insère dans le programme économique France Relance du gouvernement qui a fait suite à la crise de la Covid-19 en 2020. 

Dans le département de l’Eure, par exemple, un “plan collège” inédit de 95 millions d’euros a été mis en œuvre en 2022. Des travaux ont été effectués cet été dans 31 établissements eurois pour un montant de 4 millions d’euros. Le département a notamment procédé à des remplacements de systèmes d'éclairage, pour installer des ampoules LED, moins énergivores (on parle alors de “relamping”). Ces relampings ont eu lieu par exemple au collège Michel de Montaigne à Vaudreuil, ou encore au collège Lucie Aubrac de Bueil. Le département a également inauguré deux collèges flambant neufs à la Saussaye et à Evreux.

Concernant les lycées, on peut situer l’exemple de la région Nouvelle-Aquitaine qui a investi 1,3 million d’euros ces cinq dernières années pour rénover ses lycées. Ainsi dans le Limousin, un lycée professionnel a été refait à neuf, ce qui permettra à l’établissement de réaliser une économie de plus de 30 % sur ses dépenses énergétiques (électricité, chauffage, gaz).

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