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« Le lien entre les enfants et les ripeurs a quelque chose de magique ! »

Pendant douze ans, Christophe Clerfeuille a été ripeur. Si son métier est plus souvent connu sous le nom d’éboueur, il s’agit pourtant du véritable nom de ceux qui effectuent le chargement des bacs roulants et autres poubelles dans le camion-benne des agents de voirie. Et si c’est désormais derrière un volant qu’il effectue ses tournées, l’agent de Fonction publique territoriale continue de consacrer l’essentiel de son temps libre à son association, « Collectif Ripeurs ». En plus de valoriser son métier, elle vient en aide aux enfants malades. Interview. 

 

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Vous êtes ripeur depuis toujours ? 

Non. J’ai commencé ma vie professionnelle en tant que chauffeur-routier. Puis j’ai pris un bar en location-gérance dans la campagne bordelaise avant de travailler dans un bureau de tabac près de la gare Saint-Jean, à Bordeaux. En 2007, j’ai postulé à la Communauté Urbaine pour devenir « ripeur », un métier que j’imaginais facile... J’avais tout faux !

C’est physique ? 

Ah ça oui ! Les premiers mois, je souffrais tellement que je dormais avec des bandes enduites de crème anti-inflammatoire sur les bras et les jambes ! Mais le plus dur est ailleurs...

C’est-à-dire ? 

Dans le fond, le plus compliqué, c’est le regard des autres. Parfois, malgré les gyrophares de nos camions et nos tenus fluorescentes, on a l’impression d’être invisibles. Et puis il y a tellement d’a priori sur nous : on est toujours en grève, on est des privilégiés... Nous sommes pourtant à des années lumières de tous ces préjugés !

Pour revaloriser l’image de votre métier, vous avez donc décidé d’agir...

Mon idée première était de montrer que nous sommes avant tout au service de la population. En 2013, j’ai donc créé une page Facebook sur laquelle j’ai commencé à publier des témoignages de collègues racontant leur quotidien, la solidarité qui existe entre les ripeurs, leur fierté de se sentir utiles... La magie des réseaux sociaux a fait le reste : les ripeurs de Reims ont pris contact avec moi, puis ceux de Dunkerque, de Metz, de La Rochelle...  Il y a eu un effet boule de neige. Tous voulaient montrer qu’ils étaient des gens bien, que leur métier était dur et qu’ils demandaient juste un peu de respect. Aujourd’hui, le « Collectif Ripeurs » compte une vingtaine de sections disséminées aux quatre coins de l’hexagone. 

Comment vous est venu l’idée de collecter de l’argent pour les enfants malades ? 

Pour moi, c’était une évidence. Les enfants ont une relation particulière avec nous, un lien qui a quelque chose de magique. Ils nous adorent ! Dans certains coins, ils attendent même derrière la fenêtre pour faire coucou aux collègues. Pour nous, c’est une vraie récompense. On a donc voulu les remercier en lançant l’opération « Les éboueurs ont du cœur ». Chaque année depuis 2013, nous organisons une collecte de dons uniquement auprès des éboueurs. Jusqu’à présent, nous avons récolté près de 30 000 euros, intégralement reversés à « Marie, Rêves et Espoir », une association qui réalise les rêves d'enfants malades. Cette année encore, entre fin novembre et mi-décembre, nous organiserons une nouvelle collecte. 

Pourquoi avoir choisi cette association ? 

Elle a été créée en 2004 par Valérie et Christophe Plessis. Deux ans plus tôt, Marie, leur fille, décédait des suites d'un cancer. Elle n’avait que 4 ans. « Marie, Rêve et Espoir », en plus d’aider les enfants atteints de pathologie lourde à réaliser leurs rêves, soutient et réconforte les familles touchées par le décès d'un enfant en organisant par exemple des soirées pour que chacun puisse exprimer sans tabou ses peines et ses angoisses. Je trouve cette démarche fabuleuse. J’ai eu envie de les aider. 

Comment ont-ils réagi lorsque vous les avez contactés ? 

Ils ont été profondément touchés. Surtout, ils m’ont dit que le montant des dons que nous pourrions leur apporter importait peu. Le simple fait de les soutenir leur allait droit au cœur. Aujourd’hui, près de 940 rêves d’enfants ont pu être réalisés. Le fait de savoir que nous n’y sommes pas totalement étrangers est pour moi une énorme fierté.

Comment voyez-vous la suite ? 

Après la prochaine opération « Les éboueurs du cœur », je me recentrerai sur ma section, celle de Bordeaux. Jusqu’à présent, je gérais seul tous les communiqués de presse, les comptes de l’association, l’organisation des réunions, c’est aussi moi qui visitais chaque année toutes les sections locales pour récupérer les dons... C’est un travail titanesque ! Il est temps de passer le relais. 

Quels souvenirs garderez-vous de cette incroyable aventure ? 

Savoir que nous avons contribué au bonheur d’enfants malades est une vraie satisfaction.  Et puis, en parallèle, j’ai le sentiment que le « Collectif Ripeurs » est parvenu à dépoussiérer le métier de ripeur en faisant prendre conscience à certains que ce sont des bons mecs, des courageux. Parce qu’il faut l’être, courageux, pour courir au petit matin derrière un camion les bras chargés de poubelles...

 

Crédit photo : Collectif Ripeurs

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