Hausse des effectifs, notamment dans la Fonction publique hospitalière
Selon les données de l’Insee, en 2020, la Fonction publique comptait 5,7 millions agents du secteur public, emplois aidés compris, soit une hausse de 33 700 agents sur un an. La plus forte hausse concerne la Fonction publique hospitalière qui a culminé à 1,2 million d’agents en poste en 2020, soit une hausse de 1,8% en un an, puis la Fonction publique d’État avec au total 2,5 millions agents, avec une hausse de +0,8% en 2020. La santé a le vent en poupe malgré la crise sanitaire et les difficultés de ces métiers, car elle est considérée comme un secteur essentiel aux métiers porteurs de sens et de valeurs fortes.
Si les effectifs de contractuels et de titulaires ont augmenté de 50 000, pour atteindre au total 5 662 000 agents, les effectifs des emplois aidés ont, quant à eux, continué à diminuer. Cette hausse des effectifs est liée à la crise de Covid-19, celle-ci ayant mis en évidence le besoin de renforcer le service public, notamment au niveau de la santé et de l’hôpital, mais aussi de l’Éducation nationale où des contractuels supplémentaires ont été embauchés dans l’enseignement secondaire. |
Reconversion professionnelle : la crise sanitaire a accéléré les envies de reconversion
Qui sont ces salariés du privé qui quittent souvent un poste confortable, une promesse de carrière et parfois un très bon salaire pour se reconvertir dans le secteur public ? Un article paru le 11 mars 2021 sur le site des Échos dresse le portrait de ces personnes qui sont avant tout à la recherche de « plus de sens » dans leur métier, d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, quitte à accepter un salaire moins élevé et à s’adapter aux spécificités de la Fonction publique. La crise leur a permis de « repenser la place du travail dans leur vie » et visiblement ils ne souhaitent pas revenir en arrière.
Si la Fonction publique attire à nouveau depuis le début de la crise sanitaire, c’est en outre parce que de nombreux métiers, peu visibles et peu mis en valeur jusqu’à présent, sont apparus en première ligne face à la crise et ont été considérés comme « essentiels » à la société. Les aides-soignants, les aides à domicile, les éboueurs, les enseignants… toutes ces personnes sur qui reposent le système de santé français. Ces métiers, à nouveau plébiscités malgré leurs contraintes et leur rémunération moins élevée que certains emplois du privé, attirent à nouveau les jeunes diplômés et les salariés ; étant en quête de reconversion dans un secteur ayant un sens parce qu’au service du bien public.
C’est notamment le cas du métier d’aide-soignant, dont l’accès a été récemment facilité : le concours d’entrée a été supprimé pour laisser place à une sélection sur dossier, pour permettre à davantage de personnes d’accéder à cette formation diplômante en un an. Elle est également accessible via la Validation des Acquis par l’Expérience (VAE), ce qui facilite les reconversions. Sur le site Parcoursup, les études dans le secteur sanitaire arrivent en premier dans les vœux des inscrits, devant les études de droit. Pourquoi ce choix ? Parmi les raisons invoquées : « pour se sentir utile », « prendre soin », « aider autrui ». Et ces personnes ne devraient pas avoir de difficulté à trouver un emploi à l’issue de leur formation, puisque selon Top Emplois 2021Qapa.fr, les métiers d’infirmier, d’auxiliaire de vie et d’aide-soignant faisaient partie du top trois des métiers qui recrutaient en 2021 (50 000 offres par exemple pour les auxiliaires de vie et les aides à domicile).
Attirer de nouveaux talents : une opportunité à saisir pour le secteur public
L’article des Échos cité précédemment souligne l’intérêt pour la Fonction publique d’attirer des diplômés très qualifiés ayant une expérience dans le privé, au sein des services de la Fonction publique territoriale et d’État. Ces personnes ont en effet à la fois une capacité de travail et d’adaptation, mais elles peuvent aussi apporter un regard neuf et de nouvelles méthodes de travail. Il s’agit là d’une chance pour la Fonction publique d’évoluer et de mettre en avant ses valeurs qui continuent d’attirer : engagement, service de l’État, sens de l’intérêt public et intégrité.
Cette évolution des méthodes de travail s’opère déjà dans le secteur public. Pour réagir rapidement face à la pandémie, le télétravail été mis en place au pied levé, les processus internes fluidifiés les procédures adaptés. Les services de l’État ont opéré une mue inédite qui a redoré son blason auprès de diplômés du privé en quête de reconversion. Ainsi lit-on dans sur le site des Echos que « depuis deux mois, l’État fait preuve d’une agilité exceptionnelle », estime un jeune énarque cité de l’article et affecté dans l’une des cellules de crise spéciale Covid pour l’action interministérielle. Ce nouveau visage d’une puissance publique réactive et au chevet de ses citoyens correspond aux raisons pour lesquelles il a choisi d’y faire carrière.
La crise sanitaire apparaît donc à la fois un défi pour la Fonction publique qui a dû s’adapter rapidement et un vecteur d’évolution. Elle attire les diplômés du privé souhaitant se reconvertir dans des métiers ayant plus de sens et respectant mieux leur quête d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les effectifs en hausse en 2020 montrent bien que la Fonction publique reste une valeur sûre, avec des possibilités d’évolution et une sécurité en termes d’emploi.