Rencontre avec le Commandant Henri, porteur du projet « Résilience, le rêve d’une vie »

L’association des Voiles Bleues pour la Planète a pour objectif général de promouvoir le monde de la mer et des océans. Elle vise aussi à préserver le littoral et son patrimoine envers tous les publics, plus particulièrement les scolaires et les personnes en situation de handicap. Solidaire et participative, elle s’inscrit dans la chaîne de soutien du personnel des armées, en développant des activités à destination des blessés victimes de guerre et leur famille. Le but étant de contribuer à redonner aux blessés et aux familles, la capacité de reprendre une vie privée et professionnelle autonome et active.


Comment est né le projet « Les Voiles Bleues pour la Planète » ?

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En 2014, avec mon cousin, nous avons créé l’association des Voiles Bleues pour la Planète. Elle a pour objectif de donner accès à tous, au monde de la navigation, de la voile et de la mer de façon générale. Elle s'adresse donc à tout type de personnes qui souhaite vivre une expérience sur un voilier, quel que soit son âge, sa condition physique et financière ou encore son statut social. Elle permet de vivre une aventure en mer, tel un marin, pendant quelques jours. Naviguer deux heures en mer est une expérience mais y vivre plusieurs jours avec des gens qu’on ne connaît pas, nous en apprend beaucoup sur nous-même et nous inculque des valeurs telles que la tolérance, la solidarité (avec les tâches à accomplir à bord), et la responsabilité. 

Le projet « Résilience, le rêve d’une vie » est à destination des personnes blessées du ministère des Armées afin de leur permettre de participer à des compétitions de voile. Crée il y a deux ans, il résulte de plusieurs demandes des blessés qui souhaitaient vivre l’expérience des courses au large, après avoir participé aux précédentes régates de découverte de la voile. En effet, nous avons constaté que la voile était extrêmement bénéfique notamment pour traiter les syndromes post-traumatiques, les blessures psychiques, l’incertitude ainsi que les phobies comme la peur de l’inconnu.

 

Quel est votre parcours et votre rôle au sein de l’association des Voiles Bleues pour la Planète ? 

Fort d’une formation de professeur d’éducation physique et sportive, j’ai effectué mon service militaire en 1993. Après un parcours de moniteur d’entraînement physique militaire et sportif dans l'armée de l'air, j’ai rejoint le corps des officiers de carrière en 1998. Durant toute ma carrière militaire, j’ai œuvré dans la branche formation et sport et fut successivement chef du service des sports de la base aérienne de Rochefort, puis, chef du bureau sport au sein de la Direction des ressources humaines de l’Armée de l’air de 2004 à 2011. Après un détachement hors métropole lors du "Printemps Arabe", j’ai commandé une promotion de jeunes élèves officiers à Salon-de-Provence pour enfin rejoindre le Centre National des Sports de la Défense (CNSD) en qualité de Directeur Technique des Sports Militaire et Président de la voile militaire internationale

Ma mission, en tant que Directeur Technique des Sports Militaire, était à la fois de mettre en œuvre la politique de sport de haut niveau pour l’ensemble des armées, de superviser et organiser les compétitions militaires nationales et internationales confiées à la France, et de déployer la politique de reconstruction et de réinsertion des blessés des armées par le sport.

 

Quelles sont les motivations des différents participants ? 

Plusieurs blessés ayant participé aux activités nautiques de découverte de la voile organisés par VBP m'ont fait part de leur souhait de poursuivre vers la compétition. Leur motivation principale étant de vouloir se challenger et dépasser leurs limites.

Par exemple "Maryan" voulait embarquer dans une course au large et s’engager complètement dans un projet, avec la volonté de se reconstruire et repousser ses limites. « Cette course (la Calvados Cup) est très exigeante et nous demande énormément de patience, car on passe du temps à préparer le bateau. » a-t-il déclaré.

Le fait d’être blessé lui a donné envie d’aller encore plus loin pour accomplir son rêve. Finalement, cette blessure n’est qu’un événement puisque les participants construisent leur vie d’homme depuis leur naissance sans parler de blessures. 

 

Pouvez-vous nous faire part de la petite histoire sur le choix du nom du bateau ?

L’ensemble de nos partenaires, à part égale, ont souhaité accompagner la reconstruction des blessés par la pratique sportive, je ne pouvais donc pas choisir le nom d’un partenaire plutôt qu’un autre. Il a fallu opter pour un mot qui nous rassemblait autour d’un même projet et « résilience » était adaptée. La résilience, malgré les blessures et les coups dur, c’est le fait de revenir à un état d’équilibre pour poursuivre sa vie. 

 

En quoi votre formation de militaire a-t-elle été utile pour mener à bien ce projet ? Quel message souhaitez-vous faire passer aux militaires ? 

Être en permanence au contact des blessés m’a permis de les comprendre. Il faut à la fois tâcher de faire fi de leur blessure dans notre comportement tout en leur démontrant une attention et une valorisation singulière. C’est l’ensemble des échanges avec ces blessés durant plusieurs années qui m’a appris à mieux comprendre leurs doutes, leurs échecs et leurs espoirs. C’est en cela que ma formation de militaire nécessite avant tout une certaine rigueur pour atteindre ses objectifs. Les différents postes que j’ai occupés m’ont permis de développer cette sensibilité et ces valeurs qui sont profondément ancrées en moi. 

 

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Quelles sont les valeurs que vous partagez avec l’ensemble des militaires et aussi avec les partenaires qui vous ont soutenu dans ce projet ? 

Lorsque les militaires s’engagent pour adhérer à la communauté, ils rejoignent la condition militaire. C’est un engagement total avec un risque ultime, ce qui crée un sentiment de solidarité entre les militaires, que ce soit au sein des opérations extérieures ou au quotidien. Cette solidarité doit s’exprimer quand on rencontre n’importe quelle difficulté. Quand les militaires sont dans cette difficulté, ils ont besoin de notre soutien et de ressentir cet esprit de famille. La blessure militaire est caractérisée par un isolement physique et psychologique, car la personne se retrouve en arrêt durant plusieurs semaines dans un hôpital ou à son domicile. Cette situation coupe les liens avec le milieu dans lequel elle s’est engagée et il est important de garder le contact avec les frères d’armes. L’isolement est ainsi un critère à combattre. 

 

Pouvez-vous évoquer le partenariat avec la Banque Française Mutualiste ? 

L’ensemble des partenaires, qui ont adhéré à ce projet « Résilience le rêve d’une vie », a chacun dans son domaine d’emploi et son essence porté une attention particulière au handicap et la blessure.

Le partenariat avec la Banque Française Mutualiste a été une évidence, car cette banque outre les dispositifs financiers avantageux qu'elle propose, accompagne résolument ses adhérents dans leurs projets.

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