La France compte un très grand nombre de musées, mais leur fréquentation est essentiellement concentrée autour des grands Musées nationaux. En effet, des établissements emblématiques comme le Louvre, Orsay ou encore les grands Châteaux accueillent la majorité des visiteurs. Aujourd’hui pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire et attirer un nouveau public, les acteurs de ce secteur culturel mobilisent des compétences multiples.
Des collections privées en repli
La France est un pays riche en musées. En 2019, le Ministère de la Culture dénombrait 1 214 musées, même si certains petits musées portés par des associations échappent à ce recensement. En 2018, le Ministère avait mené une enquête pour affiner sa connaissance des acteurs de ce secteur. Cette enquête, réalisée par le Service des Musées de France et publiée en 2019 montre une baisse constante du nombre de musées privés dans l’hexagone. Par ailleurs, leurs inventaires propres diminuent également : en 2017, ils étaient propriétaires de leurs collections dans 7% des cas, contre 10% deux ans plus tôt.
En France, 68% des musées sont la propriété d’une commune, et 10% appartiennent aux départements. Les intervenants locaux sont donc des acteurs majeurs dans le maillage territorial des Musées en France. Malgré cela, les musées les plus fréquentés restent traditionnellement les Musées nationaux. On les trouve dans toute la France, depuis les grandes institutions parisiennes comme Le Louvre ou Orsay, jusqu’au Châteaux incontournables comme Versailles, Fontainebleau, Chambord ou Compiègne, en passant par des établissements comme le Mucen, à Marseille.
Plus de 30 millions de visiteurs dans les Musées nationaux en 2018
Selon le Ministère de la Culture, les musées ont enregistré plus de 32 millions de visiteurs en 2018 dont 22 millions pour les Musées nationaux parisiens (Louvre, Orsay, Quai de Branly, Picasso…) et 8 millions pour le seul Château de Versailles. Les 2 millions restant se répartissant entre l’Ile de France avec en particulier le château de Fontainebleau et quelques Musées en province.
Enquête disponible sur son site Internet : https://bit.ly/3jwjvxu
Des intervenants aux compétences multiples au sein des musées
Les Musées nationaux emploient de nombreux intervenants. Le Louvre, par exemple, avec ses 14,5 kilomètres de salles et de couloirs intégrait en 2018 plus de 2 100 collaborateurs dont 1 200 gardiens, 65 conservateurs, une centaine de documentalistes et 48 sapeurs-pompiers. Cependant, la plupart des petites structures emploient moins d’une dizaine de personnes. Dans leur très grande majorité, ces intervenants sont des fonctionnaires qui ont passé un concours d’entrée soit auprès de l’État, soit des collectivités locales. Le niveau de qualification est assez variable, les conservateurs appartiennent à l’élite de la Fonction publique (concours catégorie A), tandis que les gardiens se situent plutôt dans la catégorie C. On peut relever l’émergence de contractuels pour certaines fonctions, en particulier en ce qui concerne les guides. Ces derniers peuvent parfois être des vacataires et, à ce titre, employés pour des missions ou seulement quelques heures par semaine.
Quel que soit le type de musées, les métiers et les expertises mobilisées sont multiples. Certains collaborateurs assurent une surveillance dans les salles ou accueillent le public et d’autres sont plus qualifiés et experts. Ainsi, les conservateurs assument des missions à la fois scientifiques et administratives en veillant à l’enrichissement des collections. Les documentalistes, quant à eux, travaillent sur les fonds documentaires et assistent les conservateurs dans leurs prises de décisions. Les guides et médiateurs partagent avec le public leurs connaissances… Les musées emploient également des professionnels exerçant des métiers d’art. Il peut s’agit de restaurateurs pour intervenir sur des œuvres endommagées ou de muséographes pour mettre en scène et en valeur les œuvres. L’Insee évaluait en 2013, le nombre de salariés dans les métiers du patrimoine à plus de 48 000 personnes.
Les conséquences de la crise sanitaire
Comme la plupart des institutions culturelles, les musées ont lourdement souffert de la crise sanitaire. En effet, ils ont été fermés pendant plusieurs mois avant une réouverture progressive pour les grands musées. Cependant, malgré leur réouverture, ils ont vu leur fréquentation s’effondrer. Au-delà des mesures sanitaires impliquant de limiter le nombre de visiteurs simultanés et les réticences de certains à retourner dans les lieux publics, l’absence des touristes étrangers pèse lourd sur la billetterie.
Le Louvre, par exemple, accueille environ 7 500 visiteurs par jour depuis sa réouverture début juillet contre 30 000 visiteurs habituellement. Cette situation est une chance pour certains amateurs qui en profitent pour visiter et redécouvrir ces lieux dans des conditions exceptionnelles. Cependant, comme dans la plupart des lieux publics, la réservation et les masques sont devenus incontournables et les conditions d’accès ont pu être modifiées. Une organisation permettant aux visiteurs de profiter sereinement des œuvres.
La numérisation en marche
Depuis le début de la période de confinement, de nombreux musées ont accéléré la numérisation de leur catalogue d’œuvres et ont multiplié les initiatives sur les réseaux sociaux. Le Musée du Jeu de Paume, par exemple, a mis en ligne quotidiennement sur son compte Instagram des contenus en lien avec ses expositions. En région, la ville de Toulouse a multiplié les initiatives autour des arts. Elle a, par exemple, mis en ligne le festival de photo qui devait se tenir au mois d’avril.
De nouvelles applications ont également été publiées et certaines ont vu leur popularité considérablement s’accroître pendant le confinement. Fabricabrac, par exemple, permet au jeune public de jouer avec les œuvres de la BnF, d’inventer et de réaliser ses propres créations ! Une façon ludique de se familiariser dès le plus jeune âge avec l’art.
La gratuité, un futur modèle pour les Musées nationaux ?
Le Louvre a été un des premiers musées à proposer en 1996 la gratuité les premiers dimanches de chaque mois. Cette mesure a ensuite été étendue à l’ensemble des Musées nationaux en 2000. En 2008, une enquête du Ministère de la Culture a évalué l’impact de cette gratuité. Selon cette enquête, la gratuité a permis d’augmenter la fréquentation de 50% en moyenne (hausse plus importante dans les établissements les moins fréquentés). Pour 47% des visiteurs interrogés, la gratuité a joué un rôle moteur dans leur choix de visite.
Cette expérience réussie a été étendue aux nocturnes dans certains établissements pour le public entre 18 et 25 ans. Par ailleurs, certains publics sont désormais systématiquement exemptés de frais d’entrée dans les Musées nationaux : les moins de 18 ans, les enseignants, les chômeurs, les enseignants ou encore les titulaires d’une carte de presse.
Pour accroître leur fréquentation certains musées, comme le Musée Eugène Delacroix, ont proposé un accès gratuit à tous cet été
Si la gratuité s’impose progressivement dans les Musées nationaux, celle-ci ne pourra jamais être totale. En effet, même si ces institutions bénéficient de nombreuses subventions, voire de Mécénat, elles ne peuvent supprimer totalement cette source de revenu. Par ailleurs, il semble difficile d’appliquer un principe de gratuité pour les touristes, en particulier étrangers, qui constituent une grande partie des entrées. Un Musée comme le Louvre, l’institution la plus fréquentée au monde avec 9,6 millions de visiteurs en 2019, est le lieu de passage de beaucoup de visiteurs étrangers et il compte déjà 40% de visiteurs gratuits, difficile de faire plus !