Le secteur public est en pleine transformation : révision des modalités de fonctionnement pour être en phase avec les évolutions de la société, nécessité de contenir les dépenses tout en assurant une qualité de service optimale. Encore peu connue dans le secteur public, l’intervention d’un manager de transition est pertinente dans des situations d’urgence ou de transformation. Cette personne exerce temporairement une fonction hiérarchique ou fonctionnelle importante, et apporte son expertise pour une mission spécifique. Mais quels bénéfices au juste peut en tirer la Fonction publique ?
Définition du management de transition
Apparu en France dans les années 1980, le management de transition cherche à répondre à un besoin généralement urgent et ciblé des ressources humaines de personnel qualifié dans une entreprise privée, une structure publique ou une association. Au départ, chargé de gérer des crises internes à l’entreprise, le manager de transition a aujourd’hui davantage une fonction d’accompagnement du changement. Missionné pour remplacer au pied levé un dirigeant ou une directrice temporairement absents, ou pour répondre à un objectif de transformation, le manager de transition est appelé pour ses capacités à s’intégrer rapidement au poste. Il s’agit le plus souvent de fonctions de haut dirigeant ou de cadre qui nécessitent des profils expérimentés.
La vacance de poste est la première raison pour les entreprises de recruter un manager de transition. La seconde est la mise en place de projets ou de missions requérant des qualités managériales spécifiques dont ne dispose pas la structure. Ce sont principalement « des managers très opérationnels » explique Jérôme Vercaemer, directeur associé du cabinet Valtus. Leur mission est d’accompagner des équipes dans des transformations importantes (fusion, restructuration…), dans la mise en place d’actions territoriales innovantes en matière économique ou écologique, ou la digitalisation de services, etc.
Les grands domaines où interviennent en priorité les cabinets de management de transition, sont « les ressources humaines, les finances, les services informatiques (ou la Direction des systèmes d’information), ou les services achats et marchés publics », précise Jérôme Vercaemer. Concernant leur présence dans la Fonction publique, les managers sont en général soit « d’anciens fonctionnaires ou contractuels de la Fonction publique, soit des salariés du privé qui ont beaucoup travaillé au contact du secteur public. » Ils maîtrisent donc les codes de la Fonction publique, où jusqu’à présent le management de transition était peu répandu.
Pourquoi recourir à un manager de transition dans la Fonction publique ?
La Fonction publique est en pleine évolution et doit se transformer pour répondre aux évolutions de la société et aux nouvelles demandes des usagers. Dans ce contexte, des profils de cadres bien particuliers sont recherchés. C’est ici qu’intervient le management de transition.
Pour Jérôme Vercaemer, le management de transition dispose d’« un très bon potentiel dans la Fonction publique ». Le cabinet Valtus réalise d’ailleurs une douzaine de missions par an depuis 2019 dans le secteur de l’administration et de la Fonction publique. « Soit environ une par mois, avec une durée moyenne de 8-9 mois, donc un peu plus que dans le privé. » Pour Dorothée Jaunez, du cabinet MOMEN, c’est « un secteur prometteur », qui va se développer avec des projets comme les « Petites Villes de demain » au sein des collectivités territoriales.
L’avantage du manager de transition est d’apporter un regard extérieur, sur la mission qui lui est confiée. Il dispose en outre de davantage de liberté, n’étant ni fonctionnaire ni contractuel. Quelle que soit la situation, il garde une certaine neutralité et contribue, par ses connaissances, à diffuser les bonnes pratiques de son métier pendant toute sa mission. Ce qui représente un avantage non négligeable pour les administrations et les collectivités qui profitent de son expertise acquise lors de ses missions précédentes.
Des freins mais aussi des bénéfices pour la Fonction publique
Il existe néanmoins des freins à l’intervention de managers de transition dans la Fonction publique, à commencer par la diversité des services et des métiers. Parmi les obstacles relevés, il y a également la culture de la Fonction publique, différente de la culture de l’entreprise privée. Les délais de mise en place d’une mission temporaire sont plus longs, si bien que les collectivités ont l’habitude de se tourner vers des centrales d’achat, comme l’Union des Groupements d’Achats Publics (l’UGAP) pour leurs besoins en ressources humaines. D’autre part, toute décision de recrutement est soumise à un appel d’offres dans le respect des dispositions du Code des marchés publics (règles et procédures applicables au marchés publics).
Toutefois, certaines conditions permettent de recourir à une procédure de recrutement négociée allégée, en cas de besoin.
En effet, il est possible, pour des commandes de marchés publics de faible montant, de recourir à des procédures dites « adaptées » ou « allégées ». Sur ce point, selon l’article R. 2123-4 du Code de la commande publique, les marchés à procédures adaptées sont ceux qui, en raison de leur montant ou de leur objet, peuvent bénéficier de modalités de procédures librement choisies en fonction de la nature et des caractéristiques du besoin à satisfaire, du nombre ou de la localisation des opérateurs. L’article R. 2122- 8 du Code de la commande publique dispense ainsi les marchés de moins de 40 000 euros HT des obligations de publicité pour un poste et de mise en concurrence des candidats.
Dans ce cadre, un service peut avoir recours à un manager de transition pour une durée d’environ une vingtaine de jours. Sachant que le tarif d’un manager de transition est situé autour des 1 500 euros TTC par jour.
Chez MOMEN, comme chez Valtus, on met en avant la possibilité de passer un appel d’offres ou un marché cadre auprès de plusieurs cabinets. Puis, une fois le cabinet finaliste retenu, de travailler en direct avec celui-ci dès qu’un besoin émerge pour, à la clef, anticiper et gagner un temps précieux au moment d’embaucher.
Malgré ces différents freins potentiels, Dorothée Jaunez de MOMEN assure qu’une « fois que les collectivités ont testé le management de transition, elles en tirent de larges bénéfices et n’hésitent pas à y recourir à nouveau par la suite ». Chez Valtus, on souligne l’importance du « savoir-être du manager de transition », qui représente « 70% du succès d’une mission. Il est important pour la structure de réaliser des entretiens en amont pour sélectionner le bon profil. » Autre facteur de réussite : faire appel à un cabinet de management de transition qui connaît les codes de la Fonction publique et qui a l’habitude de travailler avec ce secteur, pour ne « pas perdre de temps avec les documents administratifs. »
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