En France, c’est la collectivité qui finance certains services essentiels tels que les retraites, la santé ou l’éducation. Pas étonnant, dès lors, que ces postes pèsent lourd dans le budget national comme le rappelle une récente note de France Stratégie.
France Stratégie est un organisme d’études et de prospective, d’évaluation des politiques publiques et de propositions placé auprès du Premier ministre. Il vient de publier une note d’analyse éclairante sur l’état de la dépense publique en France1.
La redistribution, pilier du budget français
Les dépenses publiques représentaient 56,5% du PIB en 2017. C’est 13 points de plus par rapport à la moyenne des pays de l’Union européenne (UE). Et 3 points au-dessus des standards observés dans les pays scandinaves.
Comment expliquer cette « exception française » ? Elle s’explique d’abord par notre modèle social, fondé sur la redistribution. La France se caractérise ainsi par son système de retraites par répartition socialisé ou ses nombreuses dépenses de redistribution telles que les aides sociales et revenus de remplacement (indemnités chômage, RSA, allocations familiales…).
Ces dépenses résultent de choix politiques. En matière de politique économique, on aura ainsi en France davantage tendance à soutenir la demande plutôt qu’à favoriser l’offre. Cela se traduit par le maintien voire le renforcement des dépenses sociales en temps de crise. Et se lit dans les comptes publics.
Défense, santé… les autres déterminants du budget national
Au-delà de la redistribution, on distingue plusieurs autres blocs de dépenses publiques.
D’une part, les services sociaux et culturels à la population. Santé, éducation, loisirs et culture : autant de services qui sont largement financés par la collectivité. Dans ce domaine, la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne des pays européens (+0,4 point de PIB), puisque ces dépenses comptent pour 17,5 points de PIB en France.
D’autre part, les services généraux qui incluent les missions régaliennes (défense, police, justice) ainsi que les dépenses de gestion des administrations (dont la masse salariale). Ces services bénéficient à la collectivité dans son ensemble, c’est-à-dire les ménages mais aussi les entreprises, les associations, etc. Entre autres exemples, on peut citer l’entretien des espaces verts ou le traitement des déchets.
Il faut enfin tenir compte du soutien à l’économie marchande (aides à l’investissement, subventions de fonctionnement, etc.) et du service de la dette. Ce dernier poste correspond à la somme des intérêts que nous versons chaque année aux créanciers qui détiennent les titres de la dette publique.
3 explications à la dynamique des finances publiques
Après avoir listé les principales missions de l’État, France Stratégie analyse la dynamique des dépenses publiques. Selon l’organisme, les dépenses de retraite et de vieillesse sont « premières responsables de l’augmentation de la dépense sur la période récente ». Vient ensuite la santé, malgré le fort ralentissement des dépenses de santé depuis le début des années 2000. La hausse des dépenses de fonctionnement des collectivités locales constitue le troisième facteur explicatif de l’augmentation de la dépense publique. Selon France Stratégie, cette inflation des dépenses au niveau local ne saurait s’expliquer – du moins pas uniquement – par les transferts de compétences aux départements et aux régions. Parallèlement, les dépenses d’investissement ont reculé dans les collectivités sur la même période.
Outre les dépenses sociales, la fourniture de services collectifs – fonctions régaliennes et administration générale – est une caractéristique du budget français. Une conséquence du modèle français, qui consacre le rôle essentiel de la Fonction publique.
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Sources :
1 - https://www.strategie.gouv.fr/publications/reduire-poids-de-depense-publique