La Fonction publique s’ouvre au numérique, nécessitant à la fois de recruter de nouveaux talents en externe, et de repenser les modes d’exercice pour bénéficier des dernières innovations telles que l’intelligence artificielle ou la reconnaissance vocale.

À Orléans Métropole, l’agent conversationnel (également appelé chatbot) O’RH répond aux questions des agents sur leur carrière. Cet exemple peut paraître extrême. Pourtant, le numérique occupe une place croissante dans le secteur public, se traduisant par l’émergence de nouveaux métiers.

 

L’émergence de nouveaux métiers

Dans le top 5 des profils du digital les plus recherchés par les recruteurs publics, on retrouve les consultants en cybersécurité, les chefs de projets accompagnement et gouvernance, les architectes et administrateurs de bases de données ou encore des managers de la sécurité des systèmes d’information. Pour référencer ces profils métiers, l’État a même mis en place une nomenclature spécifique, dès 2016 : le Référentiel interministériel des métiers et compétences des systèmes d'information et de communication (SIC).

Mais cette irruption du numérique dans la Fonction publique ne concerne pas uniquement des profils techniques. Le secteur public est assis sur des millions voire des milliards de données (santé, retraites, vie économique…), ce qui se manifeste par des problématiques de confidentialité et d’accès aux données. Parallèlement, comme l’a révélé l’édition 2018 du baromètre Delouvrier, les citoyens sont en attente de proximité et de personnalisation des services publics, ce que permettent les outils numériques (chats, FAQ, forums, etc.). Les administrations publiques sont donc de plus en plus nombreuses à recruter des animateurs de communauté (les community managers), des directeurs des données (les chief data officers) ou bien des directeurs de la stratégie digitale (les chief digital officers).

 

Un défi pour la fonction RH dans la Fonction publique

Qui dit nouveaux talents dit aussi – même si ce n’est pas systématique – nouvelles manières de recruter. Par exemple, les offres d’emploi sont mises en ligne sur le réseau social professionnel Linkedin.

L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), qui compte 600 agents dont 80% de contractuels, réalise des séances de job dating deux fois par an dans ses locaux. Cette méthode de recrutement, inspirée des entreprises, permet aux recruteurs de multiplier les rencontres avec les candidats au cours d’entretiens d’une dizaine de minutes environ. Pour attirer les jeunes recrues, les recruteurs publics entretiennent aussi des liens de plus en plus étroits avec les écoles d’ingénieurs (Epita, écoles des Mines, Polytechnique).

 

Demain, la majorité des métiers publics impactés ?

Cette poussée du numérique dans la Fonction publique représente un enjeu d’acculturation avec la formation des agents. S’il est possible de recruter en externe pour pourvoir à de nouveaux besoins, reste que les agents pris dans leur ensemble sont confrontés au numérique au quotidien. Une étude du Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT), publiée en juillet 2018, met ainsi en évidence le rôle clé des « ressources humaines et notamment [des] services formation qui sont chargés d’acculturer et de développer les compétences des agents. »
 
Aucun secteur n’est épargné par la transformation numérique, comme le rappelle cette fois une étude menée par la Direction interministérielle de la transformation publique : « il ressort que plus de 70% des effectifs parmi les plus de 3,5 millions d’agents du périmètre de l’étude pourraient voir l’exercice de leur métier sensiblement voire radicalement transformé grâce au numérique. » Les forces de sécurité ? Elles vont désormais pouvoir analyser automatiquement images et son grâce à l’intelligence artificielle (IA), renforcer et automatiser la collecte de données grâce aux drones ou à la reconnaissance vocale, utiliser des logiciels prédictifs… Les greffiers ? Ils vont pouvoir automatiser les comptes rendus et les courriers – là encore, grâce à l’IA et à la reconnaissance vocale –, orienter les justiciables grâce aux chatbots ou utiliser des outils de justice prédictive. Les enseignants ? Ils vont pouvoir, encore plus, personnaliser le parcours de l’apprenant, constituer des plateformes collaboratives et développer l’enseignement à distance.

La liste de ces exemples, à retrouver dans l’étude, est aussi longue que riche et passionnante. Elle témoigne d’une nouvelle complémentarité appelée à s’installer entre intervention humaine et technologie.

 

Visuel : iStock / Gilaxia

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