Avec plus de 14% de personnes démunies relevant des critères de pauvreté, la France peine à réduire ses inégalités sociales. En effet, certains citoyens ont besoin d’une aide ponctuelle ou régulière pour faire face à des situations parfois complexes. Pourtant entre les minima sociaux, les aides des collectivités locales et le travail associatif, tout un arsenal a été mis en place pour aider les personnes concernées.
La précarité en hausse depuis quelques années
En France, le nombre de personnes démunies augmente depuis 2018 et la crise sanitaire liée au Covid-19 devrait aggraver la situation. En effet, les dernières données de l’Insee montrent un accroissement du taux de pauvreté dans l’Hexagone. Il avoisinait les 14,7% de la population en 2018 contre 14,1% en 2017 (soit environ 8,8 millions d’individus). Selon l’Observatoire des inégalités (données 2017), le seuil de pauvreté (après impôts et prestations sociales) se situe à 1 550 euros par mois pour un couple sans enfant et à 1 828 euros par mois pour un couple avec un enfant.
Il n’existe pas à proprement parler de travailleurs pauvres dans la Fonction publique. Pourtant, les employés de l’État et des services publics peuvent être démunis. Ainsi, en 2011, l’Insee recensait 3 travailleurs sur 10 occupant un emploi non titulaire sachant que trois-quarts de ces agents publics appartiennent à la catégorie C. Par ailleurs, les postes contractuels se développent, notamment dans la Fonction publique territoriale. Toutefois, quand un agent de la Fonction publique est en situation difficile, pendant sa carrière ou au moment de la retraite, il peut bénéficier d’aides spécifiques grâce à l’action sociale interministérielle. |
Les minima sociaux au centre des dispositifs
Les minima sociaux sont les principaux instruments pour accompagner les personnes démunies. En 2020, le montant du RSA est de 564,78 euros pour une personne seule, de 847,17 euros pour un couple et de 1 186,04 euros lorsqu’il assume la charge de 2 enfants. Les quatre principales allocations (RSA, ASS, ASPA, AAH) rassemblent près de 96% des dépenses et des allocataires de minima sociaux. Elles sont versées par les Caisses des allocations familiales (RSA et AAH), par Pôle Emploi (ASS) et par une caisse de retraite (ASPA).
Des aides des collectivités complémentaires aux minima sociaux
Aux minima sociaux peuvent s’ajouter des aides des collectivités locales. En effet, les Mairies, les agglomérations de communes, les régions et les départements peuvent accorder des aides sociales extra-légales aux plus démunis. Elles concernent l’alimentation (bons alimentaires), l’énergie ou encore le logement. De nombreuses villes comme Brest, Toulouse ou Metz ont distribué pendant la période de confinement des bons alimentaires, notamment pour compenser l’arrêt des cantines scolaires. Cependant, ces actions ne se limitent pas à cette période exception. Les acteurs locaux interviennent toute l’année pour répondre à des situations d’urgence et pour proposer des aides ponctuelles aux citoyens les plus défavorisés.
Pour bénéficier d’un accompagnement des collectivités locales, les habitants des communes peuvent notamment se présenter à leur Mairie, aux services sociaux des Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS) ou aux Centres Intercommunaux d’Action Sociale (CIAS). En effet, ces établissements sont désignés pour remplir une triple mission d’accueil, d’information et d’orientation des administrés pour faire étudier leurs demandes d’aide. Ces services publics travaillent avec des assistants sociaux habilités à recevoir le public et à trouver des solutions adaptées à chaque situation.
L’Europe apporte aussi son écot
Un fonds européen d’aide aux plus démunis a été mis en place pour un montant de 3,8 milliards d’euros pour la période 2014/2020. Par ailleurs, les États membres doivent cofinancer à hauteur de 15% minimum chaque programme national. Ce fonds travaille avec les associations pour apporter une aide alimentaire et matérielle aux plus démunis. Il devrait recevoir des abondements supplémentaires pour faire face aux conséquences du coronavirus.
Des associations luttent au quotidien au cœur des villes
En complément de l’intervention de l’État ou des collectivités, l’aide aux plus démunis passe par le travail associatif. Les associations, souvent soutenues par les municipalités (prêt de local…), sont nombreuses à intervenir : Les Restos du cœur pour l’alimentation, le Samu Social pour aider les sans-domiciles-fixes (personnes isolées ou familles), la Fondation Abbé Pierre pour le logement… Certaines d’entre elles peuvent aussi être pluridisciplinaires, le Groupe SOS, par exemple, intervient auprès des jeunes, des familles ou des retraités sous différents angles, la Croix Rouge, les Petits Frères des Pauvres, Emmaüs… restent des acteurs de terrain majeurs qui combattent la pauvreté dans sa pluralité.
Les conséquences de la crise sanitaire difficile à mesurer
Certains citoyens dans la précarité ont vu leur situation se détériorer pendant la période de confinement liée à la crise sanitaire. Par ailleurs, il est difficile d’anticiper les conséquences de la crise sanitaire de 2019-2020, même si elle va probablement se traduire par une hausse du nombre de faillites et donc des licenciements. À ces conséquences, s’ajouteront indéniablement les difficultés rencontrées par les 700 000 jeunes arrivant sur le marché du travail cette année. Des mesures spécifiques d’accompagnement sont actuellement en cours de réflexion par le Gouvernement.
À savoir Selon une enquête Ipsos, réalisée pour les Apprentis d’Auteuil, presque 20% des donateurs de 2019 vont réduire leurs dons en 2020 et 5% d’entre eux ne vont pas renouveler leur acte de générosité. Les municipalités vont donc probablement devoir mener plus d’actions de terrain pour aider les personnes en difficultés. |
RSA : Revenu de Solidarité Active
ASS : Allocation de Solidarité Spécifique
ASPA : Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées
AAH : Allocation Adulte Handicapé
Pour aller plus loin
Lutte contre la pauvreté : les communes en première ligne
Pauvreté et Fonction publique : quelles aides et dispositifs d’accompagnement ?