Le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics revient, dans l’interview qu’il nous a accordée, sur le rôle déterminant des agents des trois Fonctions publiques durant la crise sanitaire. Il salue notamment la capacité d’adaptation et d’innovation des administrations.

 

Quel regard portez-vous sur l’engagement exceptionnel des agents des trois Fonctions publiques pendant la crise sanitaire ?

Leur mobilisation et leur engagement ont été exemplaires. Je tiens à les en remercier. Ils ont permis d’assurer la continuité des services publics et d’ajuster les réponses pour servir au mieux les usagers. Les administrations, les collectivités territoriales et les établissements publics ont démontré qu’ils étaient capables de faire face et de s’adapter dans l’urgence, grâce notamment à la réorganisation de leurs équipes. En présentiel ou en télétravail, la mobilisation a été totale dans cette crise d’une ampleur majeure en termes de durée, de dangerosité et de paralysie de l’économie française.

Je tiens également à saluer les élèves des écoles de service public qui se sont portés volontaires dès le début du confinement pour soutenir les services de l’État. Leur renfort a été précieux et très apprécié. Ces jeunes représentent le visage de l’administration de demain : nous avons besoin de cet engagement et de cette solidarité.

 

Les situations de crise sont souvent des accélérateurs d’innovation. Comment cela s’est-il manifesté dans la Fonction publique avec le Covid-19 ?

Face au caractère inédit de cette crise, il était nécessaire de préciser et d’adapter le cadre juridique avec une grande réactivité et d’apporter des réponses rapides aux très nombreuses questions soulevées par les employeurs. La Direction Générale de l’Administration et de la Fonction Publique (DGAFP) a ainsi construit des éléments de doctrine dans des délais très courts, assuré un rôle de conseil, de coordination et d’harmonisation des pratiques de gestion des ressources humaines.

Pour que chacun puisse s’organiser dans les meilleures conditions possibles, des guides, outils pratiques, webinaires, webconférences ont été proposés. Dans certains ministères, des actions innovantes ont été développées, telles que le coaching flash de cadres, c’est-à-dire des séquences courtes de coaching par téléphone ou en visioconférence.

 

De quelle manière, l’agilité dont font preuve les services publics actuellement peut-elle marquer un tournant dans leur fonctionnement interne et leur évolution ?

Les ministères, collectivités et établissements publics se sont emparés de la question de l’innovation et de l’adaptation des outils. Des solutions numériques ont été notamment déployées pour faciliter le télétravail des agents et la collaboration à distance. Plusieurs d’entre elles ont été développées par la Direction interministérielle du numérique, comme Tchap, la messagerie instantanée de l’État, ou encore le service de webconférence de l’État. Ces actions entreprises et ces dispositifs resteront un acquis. Ce sont quelques-uns des enseignements positifs à tirer de la crise.

 

La mise en application de la loi de transformation de la Fonction publique sera-t-elle impactée ? Sur quels enseignements de cette crise pourraient s’appuyer les décrets d’application ?

La loi du 6 août 2019 représente la réforme la plus novatrice depuis les lois relatives au statut de la Fonction publique de 1983, 1984 et 1986. L’objectif a été de moderniser la Fonction publique, de créer des passerelles entre les trois versants et vers le secteur privé, de donner aux cadres de proximité les moyens de garantir un service aux usagers efficace et ajusté à leurs besoins. À ce stade, 74 mesures d’application sur les 92 actives prévues par le texte ont été publiées, soit un taux de réalisation de 80 %, qui passera à 86 % d’ici mi-juin.

La gestion de la crise sanitaire n’a pas freiné l’application de la loi. Elle a même mis en lumière toute sa pertinence, en ce qu’elle accroit la souplesse de la Fonction publique en matière de gestion opérationnelle des équipes et d’ajustement des réponses aux circonstances quotidiennes ou exceptionnelles. Les modalités d’application du télétravail ont ainsi été significativement étendues par la loi. Le chef de service ou l’employeur territorial peut désormais autoriser l’agent à télétravailler, sans présence minimale sur son lieu d’affectation et en utilisant son matériel personnel en cas de situation exceptionnelle.

 

Quels messages souhaiteriez-vous adresser aux agents avant la Journée internationale de la Fonction publique du 23 juin ?

La crise sanitaire a confirmé que nous avons une administration de grande qualité, et que ses capacités d’adaptation et d’innovation sont réelles. Les agents ont su tenir et réagir pour répondre immédiatement aux besoins de la population. Dès fin juin, nous préparerons un premier bilan de la gestion de la crise dans la Fonction publique avec les employeurs et les organisations syndicales. Ce sera l’occasion d’en partager collectivement les enseignements. Il nous faut retenir le plus constructif de cette période exceptionnelle afin de faire évoluer les organisations, les modes de management et permettre à l’administration de s’adapter aux enjeux et aux contraintes d’un environnement sans cesse changeant. Cela ouvre de nombreuses pistes de réflexions pour l’avenir.

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