Face à la nécessité d’optimiser la gestion des lits, certains hôpitaux s’allient avec des partenaires afin de proposer un hébergement non médicalisé à leurs patients, en amont ou en aval de l’hospitalisation.
Très répandu à l’étranger, notamment aux États-Unis ainsi que dans certains pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Finlande), l’hébergement temporaire non médicalisé se développe progressivement en France. L’hôtel patients – ou hôtel hospitalier – est actuellement testé dans une quarantaine d’hôpitaux tous statuts confondus (public, privé commercial, privé à but non lucratif).
Un concept qui existe depuis longtemps…
L’existence d’une structure d’accueil pour les patients ou pour leurs proches, dans l’enceinte de l’hôpital ou aux abords de celui-ci, n’est pas nouvelle. De nombreux hôpitaux ont déjà, par le passé, noué des conventions avec des associations ou des prestataires privés afin d’offrir une solution d’hébergement aux parents d’enfants atteints de maladies chroniques et aux patients nécessitant des soins réguliers.
C’est le cas, notamment, de la Maison des Parents Clermont-Auvergne, située en face du CHU de Clermont-Ferrand. Autre exemple, celui de l’Institut Gustave Roussy qui accueille sur son campus deux hôtels classiques. Enfin, l’Hospitel, établissement privé et indépendant, existe depuis 1992 sur le site de l’Hôtel-Dieu à Paris. Toutefois, il s’agit, dans la plupart des cas, de petites structures de 10 à 25 chambres gérées sous une forme associative, parfois avec l’appui de bénévoles et sans cadre juridique clairement défini.
… promis à un fort développement
Le concept d’hôtel hospitalier change aujourd’hui de dimension. L’expérimentation des hébergements temporaires non médicalisés de patients dans 41 établissements doit permettre de faire émerger un modèle qu’il sera possible de généraliser. L’objectif est de créer des structures disposant de la taille critique suffisante pour accueillir trois typologies de patients :
- les patients en intervention ambulatoire qui ne peuvent retourner à leur domicile ou dont le temps de trajet domicile-hôpital est trop important,
- les patients devant subir des traitements longs et séquentiels ou des soins épisodiques ne justifiant pas une hospitalisation continue (chimiothérapie…),
- les autres patients hospitalisés, déperfusés et dont l’état ne nécessite pas de surveillance rapprochée (fin de grossesse à risque ou veille d’une césarienne programmée, surveillance d’un pansement…).
D’après une étude de 2014, environ 30% des patients seraient éligibles à cette prise en charge. Cette proportion devrait encore augmenter dans les années à venir, à la faveur du développement de la chirurgie ambulatoire. La Drees(Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques) prévoitainsi 51,5% de séjours ambulatoires en 2030 (contre 39,6% en 2012).
Une aubaine pour les agents hospitaliers
Les hôtels hospitaliers présentent un intérêt fort, notamment en termes financiers et de prévention, pour l’assurance maladie comme pour les mutuelles. Le prix d’une nuit dans un hôtel patientsest estimé à 60€ tandis qu’une journée d’hospitalisation coûte environ 1 500€.
Mais c’est également une aubaine pour les personnels hospitaliers. Outre les économies qu’elle va apporter, cette mutation va permettre de repenser les prises en charge. Spécialisation accrue des services hospitaliers, recentrage des agents sur les soins les plus techniques : le quotidien des agents devrait évoluer vers des tâches à plus haute valeur ajoutée.
Crédit iStock : Antonio_Diaz
Sources
Hôtel hospitalier. Expériences repérées et 1èremodélisation, ARS Ile-de-France, novembre 2014
Projections d’activité hospitalière à l’horizon 2030, Drees, mai 2017
PLFSS : les députés votent en commission l’expérimentation d’hôtels hospitaliers, Le Quotidien du Médecin, octobre 2014