Découvrez le Lycée Autogéré de Paris

En mai dernier, ce lycée public expérimental, créé en 1982 fêtait ses 40 ans. Une longévité exceptionnelle et un vrai succès pour cet établissement à part dans le paysage éducatif. Fondé sur l’autogestion, d’où son nom, ce lycée du 15ème arrondissement de Paris, propose un lieu alternatif à des élèves aux profils très variés. Il est aussi un des rares établissements où le taux de réussite au baccalauréat n’est pas un objectif primordial. Depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, comment fonctionne-t-il et qu’apporte-t-il à ses lycéens ? Que viennent y chercher les élèves et comment intègrent-ils l’établissement ?

 

Un lycée public fondé sur l’autogestion :

Créé en 1982 par Alain Savary, alors ministre de l’Éducation nationale, le Lycée Autogéré de Paris (LAP) détonne dans le paysage éducatif. Établissement public gratuit, financé par l’État, il propose chaque année une pédagogie différente des lycées traditionnels à environ 250 élèves venus d’horizons divers. Contrairement aux établissements classiques où la direction gère l’établissement et où les élèves viennent assister uniquement aux cours, le LAP est entièrement organisé autour du principe de l’autogestion : élèves et adultes gèrent ensemble tous les aspects de l’établissement : « Tous les membres du Lycée Autogéré de Paris participent aux actions et aux décisions qui se rapportent à la vie de notre établissement ». 

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L’organisation est divisée en deux parties : la première partie correspond à la structure pédagogique, c’est-à-dire l'acquisition des savoirs (le programme officiel de l’Éducation nationale). Elle correspond aux ateliers, groupes pédagogiques, projets et autres cours. La deuxième partie, concerne l’organisation interne de l’établissement, ce que le lycée appelle la structure de gestion. Elle a aussi un but pédagogique. Elle est constituée de groupes et d’instances diverses. C’est dans cette organisation que réside l’originalité du LAP. L’équipe éducative se réunit une fois par semaine et tous les membres du lycée se réunissent en Assemblée Générale (AG) et en Groupe de Base (appelé GB). Il existe 12 groupes de base, constitués chacun de deux professeurs et de vingt élèves. Les membres sont désignés par tirage au sort. Professeurs comme élèves font tous partie d’un GB. Ce sont des lieux démocratiques d’échanges où chacun a la parole. Il n’y a aucune hiérarchie entre adultes et élèves, tous ont la même voix au sein de l’Assemblée générale qui permet d’aborder des sujets variés : projets pédagogiques, stages, modalités d’inscription, organisation pédagogique… Enfin il existe des commissions thématiques composées de professeurs et d’élèves pour aborder les aspects plus “techniques” de l’établissement (entretien des locaux, informatique, administration, budget…).

C’est cette prépondérance donnée à la vie démocratique et participative qui fait véritablement l’originalité du Lycée autogéré de Paris. C’est aussi ce qui attire les élèves vers cet établissement. S’il est le seul lycée de ce type dans la capitale, on compte quelques lycées expérimentaux en France, comme le Lycée expérimental cogéré de Saint-Nazaire.
 

Le baccalauréat : pas un but en soi au LAP 

Liberté dans le choix des cours, absence de notation et de sanctions font partie des éléments qui séduisent les lycées du LAP. L’assiduité aux cours n’est pas exigée, pourtant l’absentéisme est assez rare. Les élèves peuvent choisir leurs cours et leurs options. Ainsi une élève de seconde peut-elle suivre les cours de philosophie de terminale si elle le souhaite. Le programme répond aux exigences de l’Éducation nationale mais les élèves ont davantage de choix. Les valeurs de vivre-ensemble, de solidarité et de coopération priment ici sur la compétition. Une part de l’emploi du temps est accordée aux projets personnels des élèves, notamment aux projets artistiques (court-métrage, comédie musicale, vidéo…). Des soirées débat appelées les Jeudis du Lap, animent et rythment l’année scolaire. 

Ce qui différencie également le LAP passe par ses résultats au baccalauréat. En 2016 (dernière année où les résultats ont été rendus publics) seulement 42% des élèves ont réussi cet examen incontournable. Ce taux chute même à 18% si on prend en compte les élèves qui suivaient leur scolarité au LAP depuis la classe de seconde. Le lycée occupe la 138e place sur les 146 lycées du département. Pourquoi ce taux de réussite si faible (qui est en moyenne de 80 % dans la plupart des établissements traditionnels) ? D’une part parce que l’inscription au baccalauréat n’est pas obligatoire, d’autre part parce qu’ici la réussite au baccalauréat n’est pas un objectif en soi. Certains élèves repartiront vers d’autres établissements pour passer leur bac, d’autres se dirigeront vers d’autres formations par la suite.
 

Devenir élève au Lycée Autogéré de Paris

Comment et pourquoi devient-on élève au Lycée Autogéré de Paris ? Les profils et parcours des élèves sont variés et leurs objectifs divergent. De nombreux élèves choisissent ce lycée pour son aspect alternatif et expérimental, pour vivre aussi un autre rapport avec les adultes, plus égalitaire. Des lycéens le fréquentent car ils ont connu auparavant des difficultés (décrochage, phobie scolaire, difficulté à s’adapter à une pédagogie traditionnelle...) dans le système éducatif classique et ils viennent au LAP retrouver goût aux apprentissages et à la vie en collectif. Sans oublier l’aspect politique et militant de l’autogestion, autre aspect attractif de l’établissement.

La démarche pour intégrer le Lycée Autogéré de Paris est bien particulière car c’est l’élève qui doit faire lui-même la démarche (et non ses parents ou son ancien établissement). La procédure s’effectue en trois temps : une première réunion d’accueil obligatoire de 2 heures (ou commission d’accueil) qui présente l’établissement aux futurs élèves. Ces réunions ont lieu tous les mois. Les élèves laissent leurs coordonnées puis sont recontactés en juin pour les deux dernières étapes de leur démarche d’inscription : un stage de trois jours à effectuer au lycée (avec une partie consacrée à des tests scolaires), puis un entretien individuel permettant de faire un bilan de ce stage. Une commission d’harmonisation décidera ensuite de l’intégration ou non des élèves postulants. 

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