Le télétravail se diffuse progressivement aux trois versants de la Fonction publique et suscite l’adhésion des agents, malgré l’existence de freins qui doivent encore être levés.
Le télétravail ne concerne pas uniquement le secteur privé. Cette modalité est même en vigueur dans la Fonction publique depuis le début des années 2010. Quel bilan peut-on en tirer ?
Une possibilité ouverte aux agents publics depuis 2012
Il faut remonter à l’accord-cadre européen de 2002 pour trouver la première définition officielle du télétravail : « une forme d’organisation et/ou de réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information, dans le cadre d’un contrat ou d’une relation d’emploi, dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière ».
La loi 2012-387 du 22 mars 2012 marque l’entrée du télétravail dans le Code du travail. La loi 2012-347 du 12 mars 2012 et son décret d’application (décret 2016-151 du 11 février 2016) confèrent un caractère officiel au télétravail dans le secteur public.
Un bilan globalement positif du déploiement
La Direction générale de l’administration et de la Fonction publique (DGAFP) a publié récemment un bilan du déploiement du télétravail dans les trois versants de la Fonction publique. Ce n’est pas la première fois qu’un organisme public se penche sur la question.
En 2013, le CNFPT a émis un premier retour d’expérience sur les pratiques des collectivités territoriales en matière de télétravail. On y relevait notamment « un niveau de satisfaction élevé des agents télétravailleurs » et « des gains économiques non négligeables », mais aussi une perte de confort liée à la nécessiter d’anticiper ses absences, la surcharge de travail chez les managers qui doivent apprendre à superviser leurs équipes différemment ou encore le manque d’échanges informels entre collègues.
Cinq ans après, les choses ont-elles changé ? Les agents restent toujours aussi favorables au télétravail qui conduit, selon eux, à une amélioration du bien-être au travail et une diminution du stress. Le gain en matière d’efficacité est également souligné, avec toutefois un nécessaire changement de mentalité chez certains managers qui ont tendance à lier contrôle visuel et effectivité du travail des agents. Le télétravail apparaît également comme un levier d’attractivité en matière de recrutement des jeunes générations et contribuer à faire évoluer la relation hiérarchique. Auparavant perçue comme « descendante », celle-ci se fait désormais « plus souple » et fondée « sur la confiance ».
Des difficultés d’ordre technique… et certaines rigidités
Pour autant, différents freins sont mis en avant. L’absence d’outils compatibles avec le télétravail et les enjeux de sécurité et de piratage font partie des principales craintes remontées par les agents.
Autre axe d’amélioration, l’évolution de dispositions réglementaires considérées comme « trop contraignantes ». Le télétravail occasionnel, lors de grèves des transports ou situations d’urgence, n’est pas reconnu. Les lieux d’exercice du télétravail, selon qu’il s’agit d’un site administratif distinct du lieu de travail habituel ou du domicile de l’agent, sont également souvent sujets à controverses. Un assouplissement des conditions d’exercice du travail à distance pourrait ainsi contribuer à sa meilleure diffusion dans les trois versants de la Fonction publique.
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