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La suppression de l’ENA suffira-t-elle à endiguer le sentiment de déconnexion ressenti par la population envers ses élites administratives ? Aujourd’hui, trois grandes pistes sont sur la table afin de renouveler l’approche de formation de la haute Fonction publique sans pour autant renoncer à l’excellence.

« Nous avons besoin de services d'excellence et non plus de protection à vie. » Lors de son allocution télévisée du 24 avril 2019, le chef de l’État faisait part de sa volonté de mettre fin aux grands corps. Émerge alors une proposition peu consensuelle : la possible suppression de l’École nationale d’administration (ENA).

Alors, comment (mieux) former les futurs cadres administratifs et renforcer la diversité dans la haute Fonction publique ?

 

Rapprocher les élites administratives de la réalité du terrain

Première piste évoquée : il ne serait possible de rejoindre les grands corps de l’État qu’après un passage sur le terrain. Les hauts fonctionnaires fraîchement émoulus de l’ENA ou autres n’auraient ainsi accès aux fonctions d’inspection les plus prestigieuses qu’à la suite d’une expérience conséquente en administration active afin de mieux en connaître les réalités.

Si cette règle venait à voir le jour, elle entraînerait de fait la fin du très controversé « classement de sortie » de l’ENA. À l’heure actuelle, les 15 meilleurs élèves de l’ENA accèdent à vie aux plus hauts postes de l’État : Inspection générale des finances, Cour des comptes et Conseil d’État.

Trop déterminant pour la future carrière des énarques, le classement de sortie a été remis en cause à la fin des années 2000 par les étudiants eux-mêmes, ainsi que l’ancien Président Nicolas Sarkozy. Ses défenseurs estiment toutefois qu’il constitue une solide garantie d’indépendance dans le recrutement des plus hauts responsables administratifs, protégeant l’État du népotisme.

 

Élargir l’accès aux classes populaires

Selon un article de recherche paru en 2015, 68,8 % des élèves de l’ENA ont un père cadre, enseignant ou exerçant une profession libérale ou intellectuelle, contre 17% dans l’ensemble de la population française. Lancé il y a dix ans pour remédier à ce problème, le dispositif de classe préparatoire intégrée « Égalité des chances » (CP’ENA) peine à convaincre : seuls huit énarques en sont issus, en tout et pour tout.

Les sources d’inspiration sont pourtant nombreuses, tant la question de l’accès aux filières d’excellence concerne le système éducatif dans son ensemble. En France, Sciences-Po Paris fait figure de précurseur en matière de discrimination positive : bien que perfectible, ses conventions d’éducation prioritaire ont permis à cette grande école de faire passer son pourcentage d’étudiants boursiers de 6 à 30%.

Afin d’aller plus loin dans la diversification des profils, Sciences-Po Paris a annoncé au printemps la suppression de l’examen écrit d’admission au profit d’une sélection reposant sur les notes, un dossier, ainsi qu’un oral. Dans un article pour le journal Le Monde, le directeur de l’établissement souhaite ainsi « prendre en compte divers critères d’excellence, pas seulement académiques : l’ouverture d’esprit, la persévérance, la capacité d’invention ou de résilience d’un candidat. »

 

Diversifier les profils intellectuels représentés

L’ENA a d’ores et déjà entamé sa mutation en créant cette année le premier concours d’entrée réservé aux titulaires d’un doctorat afin d’intégrer davantage de profils scientifiques. L’évolution de la composition des jurys d’entrée est une autre piste évoquée. Ceux-ci pourraient à l’avenir intégrer des cadres du privé, des intellectuels, des agents publics de toutes catégories voire des citoyens tirés au sort, avec l’ambition de rompre avec le principe de sélection des nouveaux entrants par les anciens.

Enfin, la création d’un tronc commun entre l’ENA et d'autres grandes écoles devrait contribuer à développer les échanges croisés. De même que l’introduction de modules de formation axés sur des qualités de management, d’écoute et de création, susceptibles de favoriser l’innovation publique. Car au-delà de la simple question du devenir de l’ENA, la question celle de la construction d’une haute Fonction publique qui saura mieux encore demain allier la méritocratie, excellence et capacité d’innovation.

 

Visuel : iStock / nobtis

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